Les albums rock de 1966
(Turn on) the Music Machine
L’énergie intense contraste fortement avec l’apparence bien recherchée (habillé tout en noir), The Music Machine commémore l’année en poussant son « Talk Talk » dans le top 20 des singles américains.
Le manque total d’organisation a rapidement conduit à sa disparition, mais le guitariste et chanteur Sean Bonniwell, un groupe de punks, reste toujours dans la mémoire des gens.
« Talk Talk » sera sélectionné par Inmates en 1980 pour ouvrir leur deuxième album.
96 Tears
Question Mask & the Mysterians est un phénomène impressionnant. Mexicain d’origine, né au Texas, Rudy Martinez décroche avec son groupe un N°1 aux USA, qui devient aussi un hit mondial : « 96 Tears ». Bien que le premier album soit excellent, le garage band ne survit pas à ce succès démesuré et se sépare après le second (« Action »). Rudy Martinez réapparaîtra plus tard, rendant vie à la « légende » jusqu’à nos jours.
A Quick One (Happy Jack)
Les Who s’affirment (confirment ?) avec ce 2ème album comme l’une des grandes valeurs du rock anglais et du hard rock naissant. Il est à noter que Peter Townshend ne s’est pas encore imposé comme le grand auteur-compositeur du groupe, mais qu’il partage largement ce rôle avec les autres membres (y compris Keith Moon qui signe ici 2 titres).
Aftermath
Aftermath est le premier grand album des Stones. Pour la première fois les Beatles sont égalés !
Marque le premier changement majeur dans l’histoire des Rolling Stones. Le capitaine Brian Jones donne le ton et colore la nouvelle soupe bien parfumée au LSD. L’ensemble reste très bon, toujours en rythme sur des titres comme « Stupid Girl » ou « Goin home » « under my thumb and lady jane » restera un très bon album
C’est aussi le premier album entièrement composé de chansons originales du groupe. L’influence de Brian Jones y est assez importante avec l’expérimentation de divers instruments, mais le tandem Jagger-Richard s’affirme comme une immense duo d’auteurs-compositeurs.
And Then… Along Comes the Association
The Association compte d’abord parmi les premiers fleurons du folk rock américain, ils enregistrent en effet dès 1965 – à la même époque de les Byrds – une version électrique d’un titre de Dylan (« One Too Many Mornings »). Mais ce groupe de multi-instrumentistes chanteurs va surtout se distinguer par le raffinement extrême de ses productions, rivalisant sans problème avec les Beach Boys et les Beatles. « Along Comes Mary » et « Cherish » sont des hits aux USA.
Blonde On Blonde
Premier double album de l’histoire du rock (Dylan a beaucoup de choses à dire !), cet album est généralement considéré comme un essentiel dans la discographie de l’artiste, notamment en raison des textes. Musicalement, Dylan se tourne ici assez largement vers le blues. C’est la dernière manifestation du grand Dylan militant.
Blues Breakers With Eric Clapton
John Mayall, maître anglais du blues, a vu défiler dans son Blues Breakers des musiciens de qualité exceptionnelle, notamment les guitaristes Peter Green, Mick Taylor (avant qu’il ne rejoigne les Rolling Stones) et ici Eric Clapton. Dans une impressionnante discographie, ce disque marquant reste comme son plus gros succès commercial.
Buffalo Springfield
La « West Coast » sera tout au long des années 60, 70 (et beaucoup plus !), une incroyable vivier de musiciens et de groupes ayant un impact considérable. Parmi ceux-ci, le « Buffalo » occupe une place de pionnier. Composé notamment de Stephen Stills et Neil Young, il bénéficie aussi de la voix incomparable de Richie Furay. Ce premier album (comme les suivants) ne contient que de jolies choses.
Daydream
Le deuxième album de Lovin’ Spoonful est porté par le succès de la célèbre chanson « Daydream » (qui squatte, d’ailleurs, encore régulièrement les ondes 40 ans après !). Les albums sont alors conçus comme des compilations de singles. Les autres titres du disques sont en fait des hits.
Dirty Water
Disciples des Rolling Stones première façon (ils tourneront avec eux aux USA en 67), les Standells sont surtout l’archétype du garage band et deviendront quasiment mythiques pour la génération punk. « Dirty Water », hymne garage (repris en 1979 par les Inmates), atteint au début de l’année 66 les premières places des charts américains.
Face to Face
La pop anglaise est très en vogue au milieu des années 60, des deux côtés de l’Atlantique… la poésie acide du dandy précieux Ray Davies s’y distingue nettement. Les kinks alignent les hits, comme ici le fameux « Sunny Afternoon », l’un de leurs titres les plus célèbres. « Face to Face » apporte aussi d’autres classiques au répertoire du groupe : « Rosie Won’t You Please Come Home », « Dandy », « Rainy Day in June », « Most Exclusive Residence for Sale », « Fancy »…
Fifth Dimension
Pour la première fois un album des Byrds ne contient aucune chanson de Bob Dylan ! On est en pleine période psychédélique (la 5ème dimension ?) et le disque s’en fait évidemment l’écho au niveau des textes comme celui des audaces sonores. On note ici l’influence grandissante de David Crosby (futur « Crosby » du « Crosby Stills and Nash » !)
For Certain Because
Dès le début des années 60, les Hollies (de Manchester) alignent un nombre considérable de tubes et connaissent un gros succès des deux côtés de l’Atlantique. Ils comptent à l’époque dans leur rang un certain Graham Nash, qui fait ici ses premières armes !
Freak Out!
Démarrage sur les chapeaux de roues pour l’immense carrière de Frank Zappa avec ce double album, florilège de chansons délirantes et de rock avant-gardiste et expérimental… L’humour et le sens de la dérision font ici définitivement la peau, bien avant les punks, à l’image platinée de la pop-star suffisante !
Fresh Cream
Premier groupe de l’histoire à afficher une virtuosité instrumentale absolue, le trio Jack Bruce (basse et chant) Ginger Baker (batterie) et Eric Clapton (guitare) est évidemment légendaire. A la fois blues et expérimental, Cream va aussi faire partie des principaux initiateurs de hard rock.
Hums of the Lovin’ Spoonful
Depuis Daydream, le succès de Lovin’ Spoonful est devenu mondial. Mais le groupe va finalement se séparer… En 1969, on retrouvera John B. Sebastian en solo pour un passage remarqué au festival de Woodstock.
If You Can Believe Your Eyes and Ears
A l’aube du flower power, « The Mama’s And The Papa’s » est l’un des plus fameux représentants de l’idéalisme lié à la contre-culture ambiante sur la West Coast. Un premier album d’une candeur et d’une fraîcheur totalement désarmantes, et deux énormes tubes « Monday Monday »… et surtout le fameux « California Dreamin' » !
It’s a Man’s Man’s Man’s World
James Brown confirme son succès international avec un nouveau tube planétaire, « It’s A Man’s Man’s Man’s World », qui s’inscrit définitivement comme l’un des quelques slows inusables qui jalonnent l’histoire du rock.
La génération perdue
Avec ce disque Johnny Hallyday opère un véritable tournant. Année charnière absolue, 1966 voit le chanteur traîner dans l’ombre de Dylan, réagir à la concurrence des protest singers en vogue en France à l’époque (Antoine) et adopter le style anglais implicitement dans une démarche vestimentaire (le look Carnaby Street) et musicalement : les reprises sur cette oeuvre, Troggs, Beatles… L’esprit de 66 est ici parfaitement encapsulé dans la chanson d’introduction et dans « Cheveux longs, idées courtes », réponse vindicative au chanteur Antoine, ce dernier l’ayant épinglé dans ses « Elucubrations ». Chroniqué par Fred Weber
Lightfoot!
Né au Canada, Gordon Lightfoot est un monument du folk contemporain. Ce remarquable compositeur, dont les titres vont être repris un nombre incalculable de fois par d’autres artistes, se double d’un interprête et d’un chanteur talentueux. Son premier album comprend quelques uns de ses classiques (« Early Morning Rain », « For Lovin’ Me »…)… Une orchestration dépouillée qui porte des mélodies simples et accrocheuses.
Mirmydons of Melodrama (Best of 64/66 de 1994)
1963 peut etre, ou 62… l’année de West Side Story comme par hazard. Elmer Bernstein théatralisant les rues du Queens. New York bien sur… Et ce Girl Group, unique, quatre filles pas comme les Shirelles ou les Ronettes. Pas meilleures mais définitivement à part. Une dramaturgie rock-n-rollienne par quatre princesses en Levis blancs. Les Shangri Las, une des créations les plus mystérieuses des 60’s. Chroniqué par Fred Weber
Otis Blue/Otis Redding Sings Soul
Compositeur extrêmement fin et talentueux (« Respect », dans sa version originale ici, sera l’un des gros succès d’Aretha Franklin), Otis Redding se distingue aussi par ses reprises et adaptations. Il donne, par exemple, une fameuse version du « Satisfaction » des Rolling Stones.
Parsley, Sage, Rosemary and Thyme
Ce troisième album est peut-être celui de la maturité, marqué par des titres splendides comme « Scarborough Fair/canticle », « Homeward Bound », « The 59th Street Bridge Song (feelin’ Groovy) » ou encore « For Emily, Whenever I May Find Her »
Pet Sounds
« Pet Sounds » est généralement considéré comme LE chef-d’oeuvre des Beach Boys. C’est un essentiel des années 60. Plus de six mois de travail, un budget énorme, et au final un ensemble construit, une perfection musicale jamais atteinte jusque là.
Please Love Me
Les trois accords de « La poupée qui fait non » placent l’artiste sur orbite. Mais avec ce premier album éponyme, Michel Polnareff apparaît surtout comme la meilleure réplique francophone à la pop anglosaxone. Il enregistre d’ailleurs à Londres, en engageant pour la guitare les services d’un certain Jimmy Page !… La carrière de ce surdoué va largement souffrir d’une hypersensibilité qui le conduit à la dépression et, en but à l’incompréhension, à de nombreuses ruptures.
Projections
Autour d’Al Kooper et Steve Katz, les futurs fondateurs de Blood Sweat & Tears, Blues Project est une solide formation qui défriche dès le milieu des années 60 les terres de la fusion (blues-folk-rock-jazz). Malgré ses qualités exceptionnelles le groupe ne parviendra jamais vraiment à s’imposer. Reste les albums et leurs grands moments… ici entre autres « Flute Thing ».
Psychedelic Lollipop
La West Coast n’avait pas le monopole du psychédélisme, et les new yorkais de Blues Magoos en font les premiers la démonstration avec ce bon album très caractéristique du genre. La carrière du groupe sera éphémère (dissolution en 70), mais « We Ain’t Got Nothin’ Yet », leur plus gros succès, reste un titre marquant de l’époque.
Revolver
Les Beatles sont une nouvelle fois en avance sur tout le monde avec cet album au son très homogène (l’album préféré de Georges Harrison), exploitant les possibilités d’une grande nouveauté du moment : la stéréophonie ! L’influence croissante de George Martin (le « 5ème Beatles ») n’est pas étrangère à cette belle réussite, il bouscule notamment tous les canons du pop-rock avec son fameux arrangement de cordes sur « Eleanor Rigby ».
River Deep Mountain High
La vague soul va envahir l’Amérique, puis le monde… Avec Otis Redding, Aretha Franklin et James Brown, Ike et Tina Turner en seront les principaux vulgarisateurs. La chanson titre de cet album, écrite par Phil Spector, a fait l’objet d’un traitement particulier : son enregistrement a coûté plus cher que la réalisation de tout le reste de l’album !
Small Faces
Premier album réussi pour ce groupe rival des Who et collectionneur de tubes à l’époque. Steve Marriott (guitare), qui fondera plus tard le groupe Humble Pie avec Peter Frampton, et Ronnie Lane (basse) sont des figures de légende du rock héroïque.
Sounds of Silence
Paul Simon dira plus tard de cet album qu’il était surtout le reflet de son adolescence attardée. L’ensemble, réalisé sous la pression, manque certainement d’homogénéïté. Il reprend essentiellement du matériel de l’album solo de Paul Simon. Reste quand même (et déjà) quelques perles : « Katy’s song », « April come she will », « I am a rock »… et bien sûr la chanson titre, dans une nouvelle version électrique, tube absolu, indémodable, éternel !
Sunshine Superman
On le présentait souvent comme le Dylan anglais, Donovan Leitch a surtout été un chanteur à tubes (mais il s’essaiera aussi avec une certaine réussite aux albums concept). Il va, en tous cas, très vite devenir le principal porte parole « Peace and love » britanique !
Take a Ride
Très largement oublié du grand public aujourd’hui, Mitch Ryder est pourtant un personnage clé de la scène de Detroit dès le milieu des années 60, précurseur et initiateur des MC5, Stooges, Grand Funk ou Bob Seger. Ses premiers disques sont très rock-n-roll et rhythm-n-blues. Il connaît plusieurs succès mondiaux.
The Exciting Wilson Pickett
Géant de la soul, Wilson Pickett va survoler le genre dans les années 60 avec les James Brown, Otis Redding et Aretha Franklin. Il explose et se distingue aussi bien par ses reprises que par ses originaux, souvent co-écrits avec son proche collaborateur le guitariste Steve Cropper. Un jeu de scène explosif et des titres d’anthologie comme ici « In the Midnight Hour », « Land of 1000 Dances », « 634-5789 (Soulsville, U.S.A.) »…
The Monkees
Créés de toutes pièces comme un produit marchand, sur audition, avec l’appui d’une série télévisée, pour contrecarrer les ventes des Beatles outre-Atlantique, les Monkees vont effectivement connaître un succès phénoménal. Il faut d’ailleurs mettre à leur crédit un remarquable talent scénique et d’interprétation.
The Psychedelic Sounds of the 13th Floor Elevators
Incontournable document ou disque d’anthologie sur les premières expérimentations musicales sous l’influence de la drogue… Ce n’est pas en Californie, mais au centre des Etats Unis ! Roki Erickson, le leader chanteur du groupe, sera plus tard interné en hopital psychiatrique… où il sera retenu enfermé pendant plus de trois ans !
The Seeds
Avec un succès trop relatif, les Seeds, garage band californien, appartiennent à ces groupes incapables de rivaliser avec les grosses machines de leur époque mais dont les albums sont devenus des collectors de légende. Une carrière éphémère, en dents de scie, mais une influence évidente sur le punk rock ultérieur.
The Sonny Side of Cher
Liée par contrat, Cher doit sortir des albums solo. Cela ne change pas grand chose sur le fond, puisque les disques sont produits, et composés en grande partie, par Sonny Bono. Il écrit notamment l’énorme tube « Bang Bang »… Bien plus tard, au fil d’une interminable carrière, à grands coups de liftings musicaux (et autres !), Cher sera encore là pour concurencer les Madonna ou autres Britney Spears !
The Soul Album
Très prolifique en cette année 1966, Otis Redding sort trois albums ! Ses orchestrations de cuivres sont parfaites. Sa voix déchirante est défitivement l’une des plus belles des chanteurs américains. Entre blues, soul, rhthym’n’blues, une page de l’histoire s’écrit.
The Supremes A’ Go-Go
Les Supremes (qui vont devenir « Diana Ross & The Supremes » par la forte personnalité de Diana), seront les championnes de la soul romantique. Elles enregistrent cependant quelques titres nettement plus musclés comme « You Can’t Hurry Love » qui sera plus tard repris, pratiquement en l’état, par Phil Collins.
The Young Rascals
Les Young Rascals sont parmi les plus fameux représentants de la « Blue-eyed-soul » aux USA (« soul aux yeux bleus » : traduire la pop-soul des blancs !). Le groupe se distingue notamment grâce à ses trois excellents chanteurs Felix Cavaliere, Eddie Brigati et Gene Cornish. Cet excellent premier album est essentiellement composé de reprises.
Tim Hardin 1
Tim Hardin est un extraordinaire auteur-compositeur, doublé d’un interprète de génie… Un timbre de voix original (son chant servira sans doute de modèle à un James Taylor par exemple), des ballades folk, bluesy… Il va être repris par de très nombreux artistes. John Sebastian, l’un de ses admirateurs, participe à l’enregistrement de cet album en jouant de l’harmonica.
Up-Tight Everything’s Alright
La carrière de ce multi-instrumentiste commence très tôt dans les années soixante (premier album en 62). En 1966, après avoir déjà connu plusieurs succès, il publie ce premier chef d’oeuvre, collection de tubes. La soul music va devenir, grâce à lui notamment, un courant majeur du rock.
When A Man Loves A Woman
Difficile de faire l’impasse sur Percy Sledge… Une carrière largement écrasée par le succès de la chanson titre de cet album, le fameux slow mortel et imparable ! Mais il fait authentiquement partie de l’époque héroïque de la soul avec une belle discographie, notamment jusqu’au début des années 70.
Why Pick on Me
Après « Dirty Water », « Medication » ou la version vitaminée de « Hey Joe », le groupe californien, dirigé par le producteur-compositeur Ed Cobb, continue d’aligner les titres forts : la chanson titre ou « Sometimes Good Guys »… « Why Pick on Me » est avec « Dirty Water » l’album de référence des Standells… mais il existe aussi de bonnes compilations.
Wild Thing
Au milieu des années 60, les Troggs marquent la scène anglaise avec un rock hargneux et un son proche du punk rock de la décénie suivante. « Wild Thing » et « Love Is All Around » sont des hits (y compris aux USA), tandis que « I Can’t Control Myself » est censuré en Australie et à la BBC pour cause de paroles « obcènes » !