Les albums rock de 1965

Animal Tracks
Avec leur matériel essentiellement composé de reprises, les Animals incarnent peut-être mieux que tout autre la transition entre les pionniers du blues, du rock-n-roll et du rhythm-n-blues, et le rock des années soixante. Le caractère sauvage du groupe et l’étonnante maturité de la voix d’Eric Burdon font sensation. Mais une querelle sur les droits d’adaptation de « The House of the Raising Sun », uniquement attribués à Alan Price, entraîne le départ de ce dernier.

Bleecker & MacDougal
Fred Neil – bien qu’un peu oublié aujourd’hui – est un artiste déterminant issu du cercle de Greenwich Village. Initiateur, dès le début des années 60, d’une certaine fusion entre blues et folk qui sera bientôt le terrain de prédilection de Bob Dylan, il compte parmi ses admirateurs précosses Stephen Stills et David Crosby, John Sebastian (qui tient ici l’harmonica) et Les membres de Jefferson Airplane qui feront par exemple de « Other Side of This Life » l’un des titres phare de leurs concerts.

Bringing It All Back Home
L’album qui sort sous le titre « Bringing It All Back Home » en Mars 1965, débute par un incroyable choc : « Subterranean Homesick Blues » un morceau à la Chuck Berry. Toute la première face est électrique et la deuxième est enregistrée avec un Bob Dylan seul avec sa guitare sèche et son harmonica. Nombre de ses fans accusent desormais Dylan d’avoir renié son amour du peuple, d’être devenu une Pop Star vaniteuse vendue à l’argent…

Do You Believe in Magic
Lovin’ Spoonful représente l’une des premières contre-offensives outre-Atlantique à l’invasion des groupes anglais. Profitant de cette véleité principalement commerciale et protectioniste du marché du disque américain, le groupe – dont le talent indéniable n’est pas à remettre en cause – perce tout d’abord avec le succès de la chanson « Do You Believe in Magic ».

Eve of Destruction
Une grande voix du rock américain… mais surtout un tube marquant des années 60. Barry McGuire, converti plus tard au christianisme à la suite des « Jesus people » (hippies chrétiens), produira de très bons albums après 70, mais sur des labels religieux à la diffusion plutôt confidentielle hors des USA.

Fifth Album (live)
A la différence de Carole King, Joni Mitchell ou Carly Simon, Judy Collins ne compose pas, elle est interprète avant tout. Mais c’est l’une des plus jolies voix des Etats-Unis ! Elle chante du folk tout au long des années soixante, se diversifiera ensuite… Pour la petite histoire : c’est pour elle que Stephen Stills a écrit la célèbre « Suite: Judy Blue Eyes » !

For Your Love
Période de transition : même si Jeff beck apparaît sur la pochette de l’album, c’est encore Clapton qui tient la guitare sur des morceaux enregistrés antérieurement. « For Your Love », la chanson, est un gros succès à l’époque.

Going To A Go-Go
Champion de la soul romantique, Smokey Robinson prend dès 1959 une part important à l’histoire en étant le co-fondateur de Tamla Motown (avec Berry Gordy Jr). Il se distingue aussi comme un remarquable compositeur… Dans une discographie impressionnante « Going to a Go-Go » est son premier « must » !

Having A Rave Up
L’arrivée du fougueux et imprévisible Jeff Beck va donner un nouvel élan au groupe qui enregistre alors quelques-uns de ses meilleurs titres : « Still I’m Sad », « Shapes of Things », « I’m a Man » ou « Steeled Blues »…

Help!
En pleine beatlmania, le groupe traverse une crise énorme. Les concerts tournent à la folie complète, les quatre musiciens diront plus tard qu’ils ne s’entendaient même plus jouer. « Help », la chanson, a été décrite comme un véritable cri de détresse : « aide-moi à remettre les pieds sur terre » ! Les Beatles vont définitivement abandonner la scène pour se consacrer au travail en studio.

Here Are the Sonics
Véritables ancêtres des garages bands, les Sonics proposent en quelques disques au milieu des années 60 une musique d’une rare violence pour l’époque et dont la désinvolture préfigure le punk rock. Leur répertoire sera en grande partie composé de reprises assez largement déjantées.

Highway 61 revisited
L’album de la « transition » : trahison pour les fans de la première heure, Dylan électrifie sa guitare ! (plus précisément, il confie cela à un invité de marque : Mike Bloomfield)… Il enregistre aussi accompagné de musiciens. Avec la chanson « Like a rolling stone » il créé un hymne (un de plus à son actif) de la jeunesse des années soixante.

I Ain’t Marching Anymore
Tandis que Dylan va s’éloigner assez rapidement du protest song, Phil Ochs demeure l’une des figures marquantes de la contestation aux USA. Acerbe, ironique et lucide (sa formation de journaliste ?), il est un visionnaire auquel les Clash rendront hommage. Sa lutte contre la guerre du Vietnam est historique : « C’est toujours les vieux qui décident des guerres et les jeunes qui s’y font tuer » (« I Ain’t Marching Anymore »).

Introducing the Beau Brummels
Les Beau Brummels, formés à San Francisco autour du guitariste Ron Elliott et du chanteur Sal Valentino, sont aux USA la première réplique historique à la British Invasion. « Laugh, Laugh » et « Just a Little » sont des succès, mais le groupe peine à s’imposer vraiment et se fait doubler sur son territoire par les Byrds. Il cesse d’exister en 1968 et sera redécouvert et salué unanimement après la sortie d’un coffret 3 CD… en 1996 !

John Renbourn
Virtuose du finger picking, John Renbourn est un pionnier du british folk. Il sera plus tard l’un des fondateurs du groupe Pentangle. Mais ce premier album éponyme impose un style original qui relève plus du blues acoustique américain d’avant-guerre (Robert Johnson, Big Bill Broonzy…) que de la tradition musicale européenne. Dépouillé, une voix, une guitare, c’est là typiquement le genre d’album qu’on appréciera aussi en version… tablatures !

Live at the Regal
Du propre aveu de B.B. King cette prestation est loin d’être sa meilleure, pourtant tout au long du live Mr. King enchante son auditoire au son de sa guitare baptisée Lucille. Cet album permettra au public blanc et plus particulièrement aux musiciens anglais de puiser dans le jeu du bluesman pour parfaire le leur, et d’essayer de capter l’essence de cette musique qui les fascine. Chroniqué par Pierre-André Bague

Look At Us
L’année 1965 est marquée par l’arrivée d’un nouveau couple de stars aux Etats Unis : Salvator « sonny » Bono et Cherylin Sarkasian Lapierre. Sous le nom de « Sonny & Cher », ils sortent le tube mondial « I got You Babe » et vont aligner quelques énormes succès jusqu’au moment de leur séparation en 1974. À noter ici, pour les Français, une reprise de Becaud… mais oui ! (« Je t’appartiens », « Let It Be Me »)

Mann Made
Le contenu de la production du groupe reste très blues et rhythm-n-blues, mais une orientation vers le jazz se dessine (« You’re for Me », « Bare Hugg »), qui va se confirmer en fin d’année avec l’arrivée du bassiste Jack Bruce (futur fondateur de Cream).

Marianne Faithfull
Equivalent anglophone de ce que font les « Yé yé » à la même époque en France, Marianne Faithfull connaît un important succès dans la deuxième partie des années 60. Elle gravite dans l’univers des Stones, sera la compagne de Mick Jagger. Il composent pour elle ce qui devient son premier hit, « As Tears Go By »). Et elle co-écrira plus tard « Sister Morphine », sur l’enfer de la drogue, un titre autobiographique.

Mr. Tambourine Man
Les « Oyseaux » (!) se sont distingués au départ en proposant des versions orchestrées et électriques des chansons de Dylan (ici, notamment, la chanson titre), inventant ainsi le folk-rock. Les arrangements vocaux éthérés et le son cristalin particulier de la douze cordes électrique de Roger McGuinn font aussi partie de la « marque de fabrique ».

My Generation
Le premier album des Who marque une étape importante. Avec « My Generation » le rock sort de sa période « innocente », devient ouvertement porteur de message et ferment de contestation, à l’instar de ce que Dylan faisait sur un mode folk de l’autre côté de l’Atlantique. Le groupe se singularise alors en démolissant totalement son matériel à la fin de chaque concert… une utopie onéreuse, dont il n’a pas du tout les moyens à l’époque !..

Out of Our Heads
Les Rolling Stones, soignant leur image de « mauvais garçons », connaissent un succès croissant des deux côtés de l’Atlantique. Le répertoire comprend encore beaucoup de reprises rhythm-n-blues et blues, mais l’interprétation est remarquable et le style s’affine. Ils commencent aussi à enregistrer leurs propres titres, et signent avec « Satisfaction » l’une des chansons les plus emblématiques de toute l’histoire du rock !

Papa’s Got a Brand New Bag
1965 est pour James Brown l’année de l’explosion internationale et sa popularité envahit le monde de la pop. La célèbre chanson « Papa’s Got a Brand New Bag », tube inter-continental, qui donne son nom à cet album, est généralement considérée la pièce fondatrice du funk.

Rubber Soul
Avec Rubber Soul, les Beatles livrent des chansons plus construites, le son s’enrichit considérablement, s’éloignant de l’archétype rock-n-roll. La citar indienne fait son apparition (« Nowegian wood »). L’album a une tonalité plus folk que les trois précédents. Il anticipe assez bien ce qui sera développé par la suite.

Summer Days (And Summer Nights)
Les Beach Boys sont influencés par le travail sophistiqué de Phil Spector et Brian Wilson se lance de plus en plus dans l’écriture de chansons complexes qui s’apparentent à de mini-symphonies. L’heure est à l’expérimentation… une démarche encore très novatrice en 1965.

Take It Easy with the Walker Brothers
Les Walker Brothers ne sont pas frères et aucun d’eux ne s’appelle Walker ! Le groupe va connaître un succès considérable en Angleterre au milieu des années 60 avec une série de tubes mélancoliques et richement orchestrés, à commencer par « Make It Easy on Yourself ». Il est à cette époque un habitué du célèbre show télé moods « Ready Steady, Go ». Les Walker Brothers se séparent en 1967 pour se reformer brièvement au milieu des années 70, sans succès.

The Best of (Compil. 1965 – 1969)
Le groupe composé de Spencer Davis (guitare, chant) Steve Winwood (claviers, chant), son frère Muff (basse), et de Peter York (batterie) est un pionnier historique du rock anglais. Stevie Winwood, qui débute à l’âge de 16 ans (!), signe quelques titres marquants comme « I am a man », « Gimme Some Lovin' » ou « Keep On Running ».

The Great Otis Redding Sings Soul Ballads
Otis Redding, personnalité très attachante, va être, à la suite de Ray Charles et avec Aretha Franklin et James Brown, le grand pionnier popularisateur de la soul music. Avec une carrière extrêmement brève, il sera la figure de proue du label Stax, émule et concurrent du fameux Tamla Motown.

The Kink Kontroversy
Le premier album significatif des Kinks… Ray Davis affirme son style incomparable, finement sarcastique. C’est l’époque où l’on commence à construire avec soin les albums comme une globalité (à la façon de « Aftermath » pour les Rolling Stones ou du « Rubber Soul » des Beatles), un art dans lequel les Kinks vont bientôt passer maîtres.

The Legendary Son House: Father of the Folk Blues
Parmi les fondateurs du Delta Blues Son House se détache de ses contemporains par son jeu au bottleneck et ses paroles très sombres. Il a, entre autre, enseigné la guitare à Robert Johnson et Muddy Waters, puis est tombé dans l’anonymat pour revenir 30 ans après, comme Skip James, lors du revival Folk des 60’s… Son influence sur le blues comme sur le rock est considérable, comme en attestent les nombreuses reprises, dont celle, géniale, de « Death Letter » par The White Stripes… Chroniqué par Pierre-André Bague

The Paul Butterfield Blues Band
Paul Butterfield (harmonisciste, chanteur, guitariste) est une grande figure et un pionnier du « Chicago blues » électrique. Avec la complicité de Mike Bloomfield, il inaugure dès le début des années 60 la grande lignée des groupes de blues rock américains.

The Sound of 65
Un peu oublié, l’organiste-saxophoniste Graham Bond fait partie des pionniers du british blues, comme John Mayall, Long John Baldry ou Alexis Korner. C’est dans l’entourage de ce dernier qu’il fait la connaissance de Jack Bruce et Ginger Baker, qui rejoignent bientôt son groupe. « The Sound of 65 » et le suivant « There’s a Bond Between Us », aux accents parfois jazz et rhythm-n-blues, font partie des très bons disques de l’année.

The Temptations Sing Smokey
Le plus grand groupe vocal masculin des années 60/70, groupe phare du label Motown… Ils se distinguent par leurs chorégraphies millimétrées ! Cet album est produit par Smokey Robinson qui, comme le titre du disque l’indique, est aussi l’auteur de tous les titres.

Them
Dignes émules des Rolling Stones, Them fait partie de la mythologie héroïque du rock. Si leur plus gros tube, « Gloria », est légendaire, le groupe de Van Morrison est aussi un incontournable monument des sixties. Leurs disques sont pratiquement introuvables : il faut pour l’essentiel se rabattre sur les compilations…

Today!
En 1965, avec « Today! » et « Summer Days », les Garçons de la plage s’éloignent un peu de l’insouciance et de la frivolité des débuts. La personnalité tourmentée de son mentor Brian Wilson y est pour beaucoup. Le groupe s’oriente aussi, musicalement, vers des compositions plus ambitieuses.

Turn, Turn, Turn
Le second album des Byrds s’inscrit totalement dans la continuité du précédent. Les Byrds représentent alors aux USA l’une des principales alternative (commercialement parlant) aux succès des groupes britaniques, Beatles en tête.

Wooly Bully
L’une des premières parodies humoristiques du rock !… Domingo Samudio ne se destine pas du tout au job de pop star lorsqu’il écrit pour s’amuser « Wooly Bully ». Mais cette danse à la coloration tex-mex devient un tube mondial. Elle va aussi traverser les époques et sera reprise en France par le groupe « Au Bonheur des Dames » qui en fera, en 89, son « Roulez bourrés » !

You’ve Lost That Lovin Feelin’
Les « frères vertueux » (Bill Medley et Bobby Hatfield) ne sont pas frères (et vertueux… à voir :-). Fans de Ray Charles, ils sont parmi les premiers blancs à faire de la soul. C’est avec eux que l’on invente l’expression « blue-eyed soul ». Ils ne se distinguent pas seulement comme pionniers, mais aussi par leurs remarquables qualités vocales. Cet album, produit par Phil Spector, est un grand classique de la pop-soul.