Les albums rock de 1975

A Night at the Opera
Queen, qui va devenir un des groupes majeurs des années 80, propose avec ce premier grand-oeuvre un rock (hard rock parfois) symphonique étonnamment apparenté, sur certaines chansons, à la comédie musicale américaine (« Seaside rendez-vous », « Good company »)… La voix puissante et multi-timbrale de Freddie Mercury fait déjà merveille et le tout est magnifiquement produit. Un grand disque !

Another green world
La carrière solo de Brian Eno, l’ex monsieur synthé de Roxy Music, est des plus intéressantes ! Inventeur du style « ambient » qu’il n’aura de cesse de faire évoluer (cf. « Music for airports »), il enregistre également des albums chantés d’une très grande originalité, tel cet « Another green world » d’une qualité tout à fait exceptionnelle. A noter ici la complicité de son ami Robert Fripp (King Crimson) à la guitare.

Atlantic Crossing
Atlantic Crossing est effectivement l’album qui marque le déplacement de Rod Stewart (ex-futur footballeur prometteur des banlieues londoniennes) vers le Nouveau Monde. Il s’agit d’une migration physique, mais surtout artistique. Il opte pour une formule plus soul avec l’appui des musiciens du célèbre studio Muscle Shoals et du producteur Tom Dowd. « Sailing » est l’un des plus incontournables hits de sa carrière.

Beautiful Loser
A partir de 75, Bob Seger devient une référence en matière de hard-pop mélodique et chaleureux. Sa puissante voix rocailleuse est désormais bien connue. Ses albums alternent balades et rock fièvreux, comme le très rock-n-roll « Katmandu » ou le « Nutbush City Limits » de Tina Turner.

Blood on the Tracks
Essentiellement acoustique, cet album est généralement considéré comme l’un des sommets de la carrière de l’artiste. Album intimiste, pur et simple dans les textes comme dans les arrangements musicaux, il marque en tous cas un retour au tout premier plan de cette légende des années soixante.

Blow By Blow
Etonnant disque de Jeff Beck, l’un des inventeurs, au sein des yardbirds, de la guitare rock… Etonnant, parce que produit par George Martin (le « 5ème Beatles »). Etonnant parce que Beck flirte ici avec le jazz façon John McLauglin. Les musiciens qui l’accompagnent sont vraiment très bons. L’album est entièrement instrumental… étonnant… et magnifique !

Born To Run
Ce troisième album a bénéficié d’un gros budget et d’une super production. C’est la consécration d’un début de carrière tout à fait brillant. Springsteen s’y fait avec finesse l’écho des grands mythes américains, de leurs ambiguités… A l’instar d’un U2 à venir, l’intégrité du personnage va se révéler sans faille.

Chicago VIII
Chicago s’éloigne un peu du jazz rock des débuts pour un son pop et proche des tubes commerciaux à venir. Le groupe fait toujours preuve d’un fabuleux sens de la construction d’une chanson avec des perles comme « Never been in love before », « Old days » ou un « Till we meet again » désarmant de dépouillement et de simplicité. A noter l’importance toute particulière prise ici par le guitariste Terry Kath qui va malheureusement disparaître peu de temps après.

Down By The Jetty
Impressionnante machine à blues rock, Dr. Feelgood est une institution à la durée de vie étonnante (mais les membres d’origine ne sont plus là aujourd’hui !). Même si le groupe se distingue surtout par ses prestations en concerts, ses disques sont également très bons, notamment ceux de la première période.

Fleetwood Mac
Peter Green est parti depuis 1970… suit un certain passage à vide et de nombreux changements de personnel. En 75, Lindsey Buckingham (guitare, chant) et Stevie Nicks (chant) rejoignent le groupe qui publie cet album éponyme, comme s’il s’agissait d’un premier ! Mais c’est effectivement un nouveau Fleetwood Mac qui apparaît : les hits pop-rock californiens ont remplacé le blues-rock de la première époque.

Go girl crazy!
Dans le sillage des MC5 et Stooges, ce précurseur du punk-rock et du metal, originaire de New York, n’a pas du tout connu le succès qu’il aurait mérité… peut-être parce qu’il ne se prenait pas au sérieux ?! Leur production discographique est pourtant tout à fait remarquable.

Gratitude
Tandis qu’Earth Wind And Fire donne sur scène un incroyable show souvent clownesque et fortement théâtralisé, il manquait encore étonnement à la discographie du groupe un grand album live… Cette carence est réparée avec les 66 mn de ce très bon Gratitude !
Avec les cuivres qui brillent, les percussions qui martèlent, les guitares tour à tour tranchantes ou sensuelles, la section rythmique qui tient son groove avec flegme et savoir-faire, et le chant qui chante divinement bien, de la fusion Africano/Power.

Helen of Troy
Avant de passer à autre chose, John Cale enfonce définitivement le clou. Les habitués qui l’accompagnent semblent désormais former une véritable groupe. Il s’y ajoute ici Phil Collins. Cale, éternel errant en déséquilibre constant, va poursuivre sa route de manière plus confidentielle. Il sera, en cette même année, le premier producteur de Patty Smith et plus tard de Police.

Horses
Avec ce premier album, Patti Smith écrit directement un morceau de la légende. Un succès foudroyant à l’époque, et le personnage devient d’emblée l’une des figures emblématiques du rock. L’album, produit par John Cale (Velvet), s’ouvre avec une reprise du mythique « Gloria » (Them), et le bonus du CD inclus le live enflammé « My Generation » (Who) qui donne une idée de ses prestations scéniques d’alors.

I Can Help
Lassé par les surenchères du prog. rock, une grande partie du public rock revient au début des années 70 à des formes musicales plus simples. C’est le retour du rock-n-roll, la grande époque du pub rock. Billy Swan se taille dans ce contexte une beau succès avec cet album et sa chanson-titre au nappage d’orgue caractéristique (single de 1974). Le reste de sa carrière sera surtout consacré à la scène ou aux collaborations avec son ami Kris Kristofferson.

In Transe
A la suite de Led Zeppelin, et peut-être plus encore de Deep Purple, les Scorpions vont s’affirmer comme une valeur sûre du hard rock. Cet excellent album de la première période est au format de ceux à venir : talentueux numéro de funambule entre rock hyper puissant et slows déchirants.

Lotus
Un live (triple album vinyl à l’origine)… sans doute le meilleur live du meilleur Santana ! On y retrouve ce qui sont déjà ses standards « Oye Como Va » ou « Black Magic Woman », mais aussi de longs instrumentaux qui prennent sur scène toute leur dimension.

Main Course
Depuis le milieu des années soixante les frères Gibb ont déjà aligné des dizaines de tubes. Mais dans la volumineuse discographie des Bee Gees, cet album est généralement considéré comme un « must », avec un net retour au sources rhythm-n-blues… On est juste avant la vague disco dont ils vont être l’un des principaux acteurs.

One of These Nights
Album de la consécration internationale, « One of These Nights », compte trois hits « Lyin’ Eyes », « Take it to the Limit » et la chanson-titre. Joe Walsh, fameux guitariste de James Gang, participe à l’enregistrement… il rejoindra officiellement le groupe à la fin de l’année.

Quiet Storm
Smokey Robinson, sans les Miracles depuis 1972, propose ici l’un des plus hauts sommets « Motown » des années 70 (pourtant très riche avec Stevie Wonder ou le « What’s going on » de Marvin Gaye !)… Un album splendide qui comprend notamment le magnifique « Love Letters ».

Ricochet
Dans les années 70 Pink Floyd n’avait pas, loin s’en faut, le monopole de la musique planante. Tangerine Dream, groupe allemand, est l’un des plus fameux tenants de la musique électro-acoustique, un style dont ils ont été l’un des initiateurs et qu’il ont fait évoluer au fil d’une soixante d’albums et de plus de 30 ans de carrière. « Ricochet » est un live d’anthologie.

Rising Sun
Yvonne Elliman se fait connaître en incarnant Marie-Madeleine dans la comédie musicale Jésus-Christ Superstar. Elle se lasse vite de l’ambiance de Broadway et des producteurs verreux, tente de trouver son propre chemin avec l’aide de Pete Townshend puis d’Eric Clapton qui l’invite sur son album « 461 Ocean Boulevard ». Les Bee Gees écrivent pour elle et Steve Cropper produit « Rising Sun »…

Rufus Featuring Chaka Khan
Après un tube écrit pour elle par Stevie Wonder (« Tell Me Something Good », album « Rags to Rufus » de 74), Chaka Khan s’impose comme la nouvelle diva de la soul et du funk. Sa notoriété dépasse largement son groupe d’origine, et Rufus devient à partir de cet album « Rufus & Chaka Khan »… L’une des réussites commerciales funk les plus importantes de l’époque, jusqu’à la séparation du groupe en 1983.

Shake Some Action
Si ce groupe californien n’a pas véritablement laissé une trace impérissable c’est peut-être par un certain manque de personnalité, on pense en effet irrésistiblement ici aux Byrds ou aux Beatles. Il n’empêche que cet album est l’une de leurs plus belles réussites.

Siren
Après Amanda Lear pour « For Your Pleasure », c’est au tour de Jerry Hall (la future Mme Jagger) d’orner la jaquette, posant en sirène ! Sur le plan musical, Bryan Ferry partage ici plus que jamais l’écriture des titres, avec Phil Manzanera (guitare) et Andy MacKay (sax) notamment… Roxy Music connaît un début de succès aux Etats Unis, où le groupe ne s’imposera jamais pourtant vraiment.

Slow Dazzle
Troisième grand album en trois ans : John Cale est très prolifique au début de cette décénie. Il y fait peut-être plus que jamais figure de légataire officiel du Velvet. A noter pour la petite histoire, une version plutôt surprenante, très actualisée et parfaitement négociée du « Heartbreak Hotel » d’Elvis Presley.

Suicide Sal
Maggie Bell entame une carrière solo après la séparation de Stone the Crows. Elle enregistre « Suicide Sal » dans la continuité d’un premier album salué par la critique. Mais celle qui est certainement alors la plus grande chanteuse de soul-blues en Angleterre ne parviendra pas plus à s’imposer qu’avec son groupe d’origine (malgré le soutien de Jimmy Page qui vient ici tenir quelques parties de guitare), la faute à une époque peut-être : l’orage punk approche, the times they are a-changin´… again !

That’s the Way of the World
Parti de la soul et du funk, Earth Wind And Fire va flirter avec de très nombreux styles : jazz, gospel, blues psychédélique, pop-rock, musique africaine et musique urbaine, disco… Cet album occupe une place médiane au coeur de tous ces courants, s’il n’en fallait qu’un seul pour appréhender la carrière du groupe ce serait donc celui-ci. Cette bande originale du film du même nom est par ailleurs l’une de leurs plus grosses ventes.

The At The Sound of the Bell
Le second album de Pavlov’s Dog poursuit dans la veine mélodique du premier. Il est plus soft, perdant peut-être en spontanéïté et en énergie ce qu’il gagne en qualité de production. Les sept musiciens du groupe sont ici accompagnés par quelques pointures de renom : le batteur Bill Bruford (Yes, King Crimson), Andy McKay (Roxy Music) et le saxophoniste de jazz Michael Brecker.

The Basement Tapes
Tout commence en juillet 66. Dylan est victime d’un accident de moto, et le Band se retire avec lui dans une maison en pleine campagne. Cette période incroyablement fertile sera marquée par le disque pirate le plus mythique de l’histoire du Rock : The Basement Tapes. Sorti seulement en 1975, ce double album mélange du Blues, du Folk, de la Country et du Rock…

Timewind
Klaus Schulze a été le premier batteur de Tangerine Dream avant d’entamer une longue carrière solo. Grand spécialiste de la musique planante et initiateur de la musique électronique (voire de l’ambient)… Timewind est, au milieu des années 70, l’album de la reconnaissance internationale.

Tonight’s the Night
Ecrit et enregistré en 1973, dans la souffrance, « Tonight’s the Night » est l’un des grands Neil Young. Le chanteur vient de perdre successivement deux amis par overdose d’héroine, dont Danny Whitten, guitariste de Crazy Horse, auquel est dédié l’album (et que l’on entend chanter sur « Come on Baby Let’s Go Downtown »)… Un Neil Young à la grandeur sombre, qui retrouve ici Nils Lofgren (piano, guitare) qui avait collaboré à « After the Gold Rush ».

Toys in the Attic
Formé autour du chanteur Steven Tyler et des guitaristes Joe Perry et Brad Whitford, le groupe qui assure à cette époque des premières parties de Mott The Hoople et Blue Oster Cult va devenir une institution du hard rock américain et l’un des groupes les plus populaires des années 70. « Toys in the Attic » est tout simplement excellent, avec notamment l’inusable riff de « Walk This Way » !

Welcome to My Nightmare
Album du grand changement : Alice Cooper devient Alice Cooper. Euh… bon, on recommence : Alice Cooper (le groupe) devient Alice Cooper (l’artiste solo) !… Le split de son band n’affecte en rien le chanteur qui signe ici le dernier grand album de sa première période héroïque… et il retrouve Bob Erzin pour la production.

Wind on the Water
L’amitié et la collaboration entre David Crosby et Graham Nash vont demeurer constantes dans le courant des années 70 et bien au delà… Ils signent en commun ce nouvel album de grande qualité. Carole King, Jackson Browne et James Taylor y apportent leur concours. Le fameux enchaînement « To The Last Whale: Critical Mass/Wind On The Water » est à lui seul une véritable pièce d’anthologie.

Wish You Were Here
Après l’énorme succès commercial du précédent disque, Pink Floyd ne se contente pas d’encaisser les royalties. Le groupe enregistre deux ans après un nouveau sommet absolu ! « Wish You Were Here » est dédié à Syd Barrett, son membre fondateur et premier leader.

Zuma
Neil Young, sorti de sa période sombre, se fait plus accessible. C’est même presque une renaissance. Et « Zuma » est généralement considéré comme l’autre chef-d’oeuvre à posséder, avec « Harvest ». Mais à la différence de ce dernier, il revient à l’électricité (façon « Cinnamon Girl »). Cerise sur le gâteau, Neil retrouve Crosby Stills & Nash au complet (« Through My Sails »)… Si Neil Young est bien le père du grunge, c’est certainement dans un album comme « Zuma » qu’il faut en chercher l’origine.