Les albums rock de 1987
… Nothing Like The Sun
Abracadaboum
A partir de 1986, les grands médias français ne peuvent plus ignorer le phénomène et commencent à parler du « Rock Alternatif ». En pleine agitation sociale « L’empereur Tomato Ketchup » devient un hymne des manifestations étudiantes. En proclamant « C’est l’année zéro de la Rébellion. L’heure de la révolte a enfin sonné » les Bérus sont soupçonnés d’être des terroristes… et font l’objet d’un suivi par les Renseignements Généraux !
Actually
Les années 80 étant massivement celles de la programmation et des synthétiseurs, le duo britanique Neil Tennant – Chris Lowe en fait son grain à moudre. Avec aisance, intelligence et un brin d’ironie, ces héritiers d’Eurythmics première façon glissent entre disco, techno-pop et house avec une immense réussite commerciale, et toujours quelques longueurs d’avance sur ses émules.
Among the Living
Au milieu des années 80 Anthrax apparait comme le grand émule de Metallica et figure avec ces derniers parmi les premiers popularisateurs du speed et du trash metal. C’est sur scène que le groupe donne le meilleur de lui, mais « Among the Living » (sa meilleure vente) est une vraie réussite. Anthrax se distingue par un discours social fort, sans se prendre toutefois trop au sérieux. « I Am the Law » est sans doute le premier rap-metal de l’histoire !
Apartheid Is Nazism
Pour la première fois, Alpha Blondy tutoyes ici la perfection en se hissant au niveau de ce qui se fait de mieux dans le cercle reggae. Dans la grande tradition du genre, Blondy mêle spiritualité et revendications sociales. La note africaine est présente, notamment dans les choeurs. Et l’on relèvera, parmi les originalités de cet album, l’utilisation de la langue française : « Jah Houphouet »
Appetite for Destruction
Le premier album de Guns n’Roses sonne comme un coup de tonnerre dans l’univers du rock. Le groupe fait figure de vandale absolu comparé à d’autres tenants du hard et du metal formatés et polis pour le commerce et la grande distribution. A l’instar des Rolling Stones en leur temps, ils sont les mauvais garçons du hard… jusque dans la vie courante où ils écoeurent plusieurs de leurs managers successifs !
Bad
Sorti 5 ans après « Thriller » (finalement Michael Jackson aura réussi à imposer une légende avec très peu d’albums !), Bad se révèle un peu moins brillant, mais il est extrêmement bien produit par Quincy Jones (pour une dernière collaboration). C’est encore une grandiose série de tubes planétaires.
Bête Noire
Sans véritable tube, le successeur de « Boys and Girls » n’en est pas inférieur pour autant, il afficherait même au contraire de plus hautes ambitions artistiques. Pour l’essentiel, Bryan Ferry travaille ici avec Patrick Leonard, le collaborateur habituel de Madonna… Une production infiniment soignée où Johnny Marr, fraîchement orphelin des Smiths, vient tenir quelques parties de guitare et co-signe même un remarquable « The Right Stuff ».
Bring the Family
Avec son rock immuable et intemporel, John Hiatt appartient aux valeurs sûres du rock américain. « Bring the Family » est enregistré avec un groupe restreint mais prestigieux : Ry Cooder (guitare), Nick Lowe (Basse) et Jim Keltner (Batterie)… un solidité et une simplicité payante : l’album est le plus gros succès de Hiatt.
Cloud Nine
Après une série d’albums plutôt décevants, « Cloud nine » marque le grand retour en forme de George Harrison. L’ex-Beatles s’offre même au passage un tube grand public, « Got my mind set on you », comme à la belle époque ! et qui le fait découvrir à un jeune public.
Darklands
Des guitares un peu moins noisy que sur le premier album, un disque un petit ton en dessous probablement… mais la litanie sombre des frères Reid (Jim, chant et William, guitare) fait toujours effet. L’absence de Bobby Gillespie (Batterie), parti fonder Primal Scream et remplacé par une « drum machine », ne change pas vraiment la donne toujours très métronométriques.
Electric
Dans la veine hard rock des années 70 (MC5, Led Zeppelin, AC/DC… et une reprise du standard « Born To Be Wild » de Steppenwolf), The Cult atteint la maturité avec ce troisième album sans faiblesses. Si Billy Duffy est un successeur légitime d’Angus Young, Ian Astbury s’applique à ne pas devenir un nouveau Brian Johnson, ce qui permet heureusement au groupe de garder sa propre identité.
Faith
Après la séparation de Wham!, George Michael devient une énorme pop-star internationale avec les ventes magistrales de ce premier album solo. Des chansons bien écrites, des arrangements sophistiqués, une production parfaitement maîtrisée, tout à fait dans l’air du temps. C’est un peu trop tout cela sans doute… et l’on se demande si le rock peut, à ce point, être commercial ?!!!
Floodland
Le caractère instable et la parano d’Eldritch entraînent une valse de musiciens, il se retrouve finalement seul avec la bassiste Patricia Morrison (débauchée de Gun Club) pour enregistrer ce sommet à la fois sépulcral et majestueux. Au sommet de l’album, le sombre et symphonique « This Corrosion »… qui va monter très hauts dans les classements, et reste un modèle du genre.
Freight Train Heart
Jimmy Barnes entame une carrière solo après la séparation de Cold Chisel. Cette belle gueule du rock apparaîtra en première partie de ZZ Top (86) et plus tard de Bon Jovi. Dans une discographie inégale, « Freight Train Heart » est un grand sommet, excellent album de hard mélodique sur fond de blues-rock. Ses autres réussites seront, plus tard, « Flesh and Wood » (un duo fameux avec Joe Cocker) et « Soul Deep » (des reprises de rhythm-n-blues et la présence de Tina Turner).
Hard Times in the Land of Plenty
Après un premier album réalisé avec les moyens du bord, un second pour un label régional, Omar & the Howlers sont signés par une major. C’est le lancement d’une carrière internationale. Le groupe se résume alors à un power trio de choc. Ces émules des Fabulous Thunderbirds et disciples de Stevie Ray Vaughan réalisent ici l’un de leurs disques les plus brillants.
Hysteria
Avec une production aux effets multiples, façon Pink Floyd, Def Leppard sort cet album hors normes. Album historique, heavy metal de haut vol ! Techno-metal platiné ou « new wave of british metal » ! Les compositions et chorus sont parfaits… les break vertigineux… Dans le genre, c’est un sommet, un des plus grands disques !
In My Tribe
D’abord indépendant, puis signé chez Elektra, 10,000 Maniacs connaît un gros succès au milieu des années 80 aux USA. Rien de bien révolutionnaire sur le plan musical, mais le folk rock solide et dense du groupe porte le chant de l’excellente Nathalie Merchant et des textes à forte consistance sociale.
In the Dutch Mountains
The Nits s’installe progressivement, mais durablement, comme l’un des groupes les plus respectés. « In the Dutch Mountains » contient quelques uns de leur meilleurs titres. L’album est enregistré en studio, mais en prise directe sur un deux pistes. Lorgant vers une certaine tradition folklorique musicale germanique, il affiche une coloration subtile et originale. C’est le premier vrai succès commercial du groupe.
Introducing the Hardline
Né à New York, Terence Trent D’arby s’exile en Angleterre et connaît un succès foudroyant avec ce premier album. Ancien champion de boxe, totalement mégolo (« je suis un génie, point barre » !) mais véritablement doué, il proclame que cet album est le plus important depuis le Sgt. Pepper des Beatles !… C’est en tous cas un très bon départ, avec un subtil mélange de styles anciens et résolument modernes.
Les Garçons Bouchers
Humour et textes rentre-dedans, c’est l’époque héroïque de l’indie Made in France !… Avec François Hadji-Lazaro, sa « gueule » (qu’on retrouvera au cinéma) et sa forte personnalité, les Garçons Bouchers en sont un fer de lance. Le groupe, influencé par le ska et le punk, s’inspire aussi de la vieille chanson française. « La Bière » est son premier titre de bravoure.
Music for the masses
« Music for the masses » est généralement considéré comme l’un des sommets de Depeche Mode, probablement leur meilleur album… Le titre est pompeux, mais la formule est justifiée : le groupe dispute alors à U2 et aux Cure le titre de « Beatles des années 80 » !
Oh My Gawd!!!…The Flaming Lips
D’abord culte dans leur Etat, l’Oklahoma (on est parfois prophète en son pays !), les Flamings Lips, à la fois étrange et délicieusement surprenants, vont devenir un fer de lance du rock underground américain. Ici cohabitent (harmonieusement) de belles chansons pop, quelques riffs de guitare façon Mountain/Led Zeppelin et des expérimentations sonores qu’on pourrait apparenter au « Revolution n°9 » des Beatles !
Pleased to Meet Me
Son premier guitariste Bob Stinson (fauteur de trouble ?) ayant été viré, le groupe fait, deux ans après Tim, un pas de plus vers la sophistication. Après trois titres plutôt hard, « Nightclub Jitters » installe une ambiance originale, « The Ledge » sonne new wave, « Red Red Wine » célèbre Dionysos (!), « Skyway » est une superbe ballade acoustique… Dernier grand disque d’un excellent groupe qui se séparera en 91.
Red
Dans le sillage de Bronski Beat qu’il vient de quitter à la surprise générale, Jimmy Somerville s’associe à Richard Coles pour un groupe qui prend le nom de Communards. Le style musical reste techno-pop mais l’engagement politique (à gauche !) et pour la reconnaissance des droits des homosexuels s’accentue. On trouve sur ce deuxème album plusieurs titres sur le sida. La reprise de « Never Can Say Goodbye », de Gloria Gaynor est un gros hit, qui fait suite au « Don’t Leave Me This Way » de l’album précédent.
Robbie Robertson
Onze ans après la séparation du groupe, l’estime et le capital sympathie pour le bon vieux The Band ne pouvait que susciter de l’intérêt pour la première équipée solo de Robbie Robertson, son guitariste. Et cet album éponyme est excellente surprise : aucune trace de nostalgie, mais une créativité renouvelée, totalement en phase avec son temps et même, pour tout dire, plutôt tournée vers l’avenir… un grand bonhomme ce Monsieur Robertson !
Rome Remains Rome
Sous titré « Presque 2 CD en un », « Rome Remains Rome » inclut en seconde partie une ensemble intitulé « Der Osten Is Rot » réalisé en 84. L’album fait un certain bruit au moment de sa sortie, objet du « scandale » : au milieu de bruitages et de choeurs d’églises Czukay sample et utilise un discours du Pape ! La composition (« Blessed Easter ») est pourtant bien intéressante… tout comme le reste de l’album, sensiblement marqué par des rythmes et percussions latines.
Sentimental Hygiene
Pour « Sentimental Hygiene », l’un de ses meilleurs albums, Warren Zevon sollicite son (petit !) réseau d’amis : on retrouve donc ici le groupe R.E.M. dans sa totalité, Don Henley (Eagles), David Lindley, Brian Setzer (Stray Cats), George Clinton, Bob Dylan, Neil Young… un line up de rêve qui en dit long sur l’estime qu’on lui porte dans le milieu !
Sign ‘O’ the Times
Sign O’ The Time est le Sgt. Pepper de Prince, l’un des meilleurs albums de l’année 1987. Comme si l’Innervision de Stevie Wonder auvait passé la nuit avec le Double Blanc des Beatles. Pourquoi est-ce si bien ?!… La touche psychédélique de « The Cross » ? Le synthé à l’envers de « If I was Your Girlfriend » ? L’irrésistible funk de « UGot The Look » ou l’infernale et perverse montée en régime des percussions du morceau titre ?… avec cet album, Prince rend au Rock la relation passionnelle qui lui manquait le plus alors : le mystère !
Sings Beatles and Dylan
Tout au long de sa carrière, à côté de ses propres titres, Richie Havens se distingue par ses reprises de grands classiques du rock. Il rassemble ici ses versions de chansons des Beatles et de Dylan. Il s’agit en fait bien souvent de véritables ré-écritures (« Here comes the Sun », « Rocky Roccoon »…). Une curiosité, mais surtout un album très réussi !
Sister
Avec le suivant (Daydream Nation), l’album essentiel de Sonic Youth… un essentiel des années 80 aussi. Sans même parler de l’énergie dégagée, il émane de ce tourbillon saturé de guitares mal accordées une harmonie sauvage et savoureuse, propre à pièger le mélomane le plus exigent… Un album « proprement » fabuleux !
So Rebellious a Lover
Carla Olson – la jolie suédoise… née au Texas – déroule une intéressante carrière country-blues ponctuée par de prestigieuses collaborations : Ry Cooder, Don Henley des Eagles, John Fogerty, Mick Taylor… Son deuxième album est réalisé avec l’ex-Byrds Gene Clark (et accueille aussi Chris Hillman). Des duos et de belles ballades très country, très texanes, très américaines !
Sold
Après la séparation de Culture Club en 86, Boy George sombre dans l’enfer de la drogue. Il entreprend une cure de désintoxication (financée par sa maison de disque !) et démarre une carrière solo. Pour ce premier album il s’associe avec Lamont Dozier, le légendaire compositeur de l’écurie Tamla Motown. « Everything I Own » (une reprise de Bread dans les années 70) puis « To Be Reborn » sont des tubes.
Solitude Standing
« Tom’s Diner » et « Luka » sont les grands hits qui lancent définitivement la carrière internationale de Suzanne Vega. Un second album brillant, sensiblement plus électrique et plus rythmé que le précédent. Les musiciens du groupe co-signent pusieurs titres et l’on retrouve à la production Lenny Kaye, acteur déterminant quelques années plus tôt du punk rock et guitariste du Patti Smith Group.
Speechless
Albert Lee, guitariste virtuose, compte parmi ses admirateurs Jimmy Page et Eric Clapton, et l’un comme l’autre vont se faire un plaisir de partager avec lui la scène ou les studios. « Speechless » (« sans parole ») est comme son nom l’indique un album instrumental, un petit chef-d’oeuvre où le jeu d’Albert Lee n’est pas sans rappeler celui de son homonyme Alvin (Ten Years After) par la rapidité et une certaine fluidité jazzy… Une grande leçon de guitare qui ne tombe pas un seul instant dans la démonstration !
Strangeways, Here We Come
Les Smiths ont finalement signé chez une major, mais cela ne change rien à l’esprit du groupe. Ils sortent ce dernier album (précédé la même année de l’excellent « Louder than bombs », compilation de singles) qui est une nouvelle réussite dans un parcours absolument sans faute. Morrissey, qui digère mal le départ de Johnny Marr, dissous le groupe et se lance dans une carrière solo qui sera également brillante.
Taking Over
Formé à New York en 1984, Overkill se fait surtout remarquer avec ce deuxième album. Sa puissance, sa rapidité, la qualité de son chanteur (Bobby « Blitz » Ellsworth), permettent au groupe de rivaliser alors avec les grands noms du thrash et du speed metal. Il lui manquera cependant la diversité (céativité ?) et il passera au final très largement dans l’ombre de Metallica.
The Joshua Tree
Vendu à 20 millions d’exemplaires, The Joshua tree est l’album de la consécration planétaire avec des tubes comme « I still haven’t found what I’m looking for » ou « With or without you ». U2 poursuit pendant ce temps sa croisade humaniste et multiplie les concerts de soutien : Live Aid, Self Aid (pour les chômeurs irlandais), Amnesty International…
The Lion and the Cobra
Le personnage est énigmatique, ambigu, controversé en tous cas, mais les qualités artistiques de Sinéad O’Connor sont incontestables et la dame va s’imposer comme l’une des grandes figures féminines des années 90. Ses compatriotes irlandais de U2 appuient ses débuts (elle se brouillera plus tard avec eux). Admiratrice de Prince, amie de Peter Gabriel, elle négocie à la perfection cette première production (inspirée du Psaume 91 de la Bible !).
Tunnel of Love
Trois ans après « Born in the U.S.A », sommet incontestable de sa carrière, Springsteen achève ici la magistrale série de ses grands albums. « Tunnel of Love » alterne les ballades façon « Nebraska » et les morceaux joués avec l’E. Street Band. Au titre des grands moments encore à venir il y aura notamment le splendide « Streets of Philadelphia » (single de 1994).
Up for a Bit with the Pastels
Avant de penser à monter son propre groupe, Stephen Pastel (né McRobbie) s’active dans le milieu des labels indépendants de Glasgow, participant au lancement de groupes au nombre desquels on trouve Jesus & Mary Chain. Le premier album des Pastels affiche une naïveté de façade, sonne retro et atteste d’une affection particulière pour le style de Lou Reed et du Velvet Underground.
Warehouse: Songs and Stories
Dernier grand album de Hüsker Dü, un double comme Zen Arcade… C’est l’album le plus soigné de tous (avec guitares et voix doublées, effets de studio). Mais c’est aussi le (magnifique) chant du cygne d’un groupe majeur de la décénie et qui aura ouvert la voie aux Sonic Youth, Nivana, Pixies… Hüsker Dü se désagrège au début de l’année suivante.
Whitesnake
Le couronnement commercial de l’entreprise Coverdale (9 millions d’exemplaires vendus aux USA) est sans surprise, juste totalement excellent dans son genre !… Le jeu des chaises musicales peut continuer, il n’altère en rien l’unité et la puissance du groupe. L’année suivante verra l’arrivée de Steve Vai, fabuleux guitariste. Mais Whitesnake ira cependant dès lors vers son déclin.
You’re Living All Over Me
Signé sur le label indépendant de Black Flag, Dinosaur Jr. s’inscrit dans la famille qui a vu le punk flirter avec le metal. Ses guitares noisy et ses vocaux déchirés façon Neil Young, font de lui le chaînon entre la génération Sonic Youth et le grunge de Nivana et des années 90. Un groupe devenu culte (ce qui, ici comme souvent, est malheureusement synonyme d’un parcours qui dépassera difficilement les frontières de son milieu underground d’origine).