Les albums rock de 1999

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Le virage expérimental est plus répandu que vous ne le pensez – Blur a eu une carrière influente avec de nombreux points forts et a livré ce qui est sans doute son meilleur album en 1997.
Construit avec une palette émotionnelle et musicale étonnamment diversifiée, le disque plutôt qu’une suite de tubes vise à créer une atmosphère pour un artiste. Un pari brillant, me direz-vous. Il est à noter que ce n’est pas du tout un nouveau développement dans le monde du divertissement mais qu’il est en marche depuis.

Agaetis Byrjun
Second album du groupe islandais, « Agaetis Byrjun » (qui peut être traduit comme bon début) voit l’accueil d’un nouveau membre, le pianiste Kjartan Sveinsson qui ne fait que tendre le collectif vers la perfection. Cet album est proche du chef-d’oeuvre dans son genre avec des sons de cordes profonds et lourds. Un « bon début » pour le groupe qui se confirmera par la suite… !

Burn to Shine
« Burn to Shine » est considéré comme l’un des chefs-d’oeuvres de Ben Harper, notamment car il est à la croisée de tous les genres fondateurs du rock qu’il réunit en cette fin de XXème siècle. Largement inspiré par les mythiques songwriters (Neil Young, Bob Dylan, Cat Stevens), et par Bob Marley, cet album rappelle aussi étrangement les pionniers du heavy metal: Black Sabbath (« Less ») ! Chroniqué par Jérôme

Head Music
Après le départ de Butler, Brett Anderson fait plus que sauver les meubles. « Coming Up », de 97, est d’emblée n°1 en Angleterre, même s’il pouvait sembler parfois un peu superficiel. « Head Music » est produit par Steve Osbourne, l’éminence grise des grands classiques de New Order et Happy Mondays, il en porte certainement la marque qualitative…

I’ll Take Care of You
Pour son 4ème album solo, Mark Lanegan opte pour des reprises. Remarquable compositeur lui-même, ce n’est bien sûr pas par manque d’inspiration, mais il veut manifestement rendre crédit au patrimoine folk-country-blues qu’il affectionne particulièrement. Le résultat, splendide, tire sa grandeur et sa majestuosité d’un dépouillement orchestral qui sert parfaitement la voix profonde du chanteur.

Mule Variations
La carrière de Tom Waits est marquée par son lien étroit avec le milieu du cinéma, il signe des bandes originales ou intervient en tant que comédien. Avec « Mule Variations », il fait un retour marquant au premier plan musical en proposant ce qui est l’une de ses plus belles réalisations.

One From the Modern
Tandis que Blur, par exemple, évolue considérablement, en quête de nouvelles trouvailles, Ocean Colour Scene reste résolument traditionnel… Un contenu soigné et plaisant, mais une créativité légèrement d’un autre temps : de sérieux concurents, en somme, pour les Buffalo Springfield, Procol Harum ou Small Faces ! (ce qui reste quand même une belle référence 🙂

Play
Après avoir été tout au long de la décénie l’un des plus gros vendeurs de musique électronique à danser, Moby amorce un virage vers la pop alternative. Si la culture house et techno est toujours sensible, il conquiert un large public rock avec des mélodies parfaitement lisibles. La fusion est parfaitement négociée.

Post Orgasmic Chill
Au fil des tournées européennes la notoriété de Skunk Anansie s’agrandit considérablement. Mais « Post Orgasmic Chill » avec sa fusion métal définitive et furieuse sera le dernier album du groupe qui se séparera, contre toute attente, en 2001. Andy Wallace, le producteur du « Grace » de Jeff Buckley est ici aux manettes (et à l’orgue), et c’est Ace Frehley, de Kiss, qui tient les guitares.

Prayers of the Last Prophet
Si ce n’est par son retrait de la scène, la conversion de Cat Stevens à l’Islam en 78 ne gênait pas grand monde. Ses prises de positions intégristes au moment de l’affaire Salman Rushdie et de la première guerre en Irak font beaucoup plus de bruit ! Quand il revient à la musique au milieu des années 90 sous son nouveau nom (Yusuf Islam), c’est avec un répertoire de textes et chants traditionnels arabes… une curiosité artistique et historique qui vaut un petit détour.

Showbiz
Le premier album de Muse fait inmanquablement penser à Radiohead (une façon de chanter à la Thom Yorke !). Le trio britanique affiche pourtant un bon potentiel. Matthew Bellamy (guitare, chant), Chris Wolstenholme (basse), et Dominic Howard (batterie) à peine âgé de 20 ans alors, vont faire de Muse un groupe en vue à l’aube du nouveau siècle.

Slipknot
Slipknot trouve sa route entre le métal alternatif de Korn, l’industriel et le choquant de Marilyn Manson. Le groupe masqué, dont chacun des membres porte seulement un numéro, créé bien entendu une originalité. Côté musique, ça déchire… et les paroles ne sont carrément pas traduisibles sur un site web accessible à tout public !… Cet album éponyme est aussi excellent qu’à réserver à un auditoire averti !

Summerteeth
Bien qu’il sorte deux ans et demi après, « Summerteeth » pourrait être le troisème CD du double précédent ! L’influence Beatles s’y fait plus sensible (on discutera s’il s’agit plutôt de Lennon ou de McCartney !). Les arrangements sont infiniment soignés et souvent originaux (une ligne de banjo country qui glisse vers des cuivres jazzy : « Pieholden Suite »)… Bien peu d’albums patchwork auront jamais affiché une si belle unité. Du grand art !

Supernatural
Inoxidable, Carlos Santana se refait une santé à la fin du siècle avec retour au premier plan médiatique (qu’il confirmera avec « Shaman » en 2002). Une nouvelle génération le découvre. Cet album est une franche réussite. On y relève la présence d’un autre « dinosaure » du rock, Monsieur Eric Clapton !

The Bootlicker
« The Bootlicker » est le second opus d’une trilogie à jaquettes fleuries (pour les originaux US). Mais il se distingue totalement des deux autres, et même de l’ensemble de la production du groupe. Buzz Osborne s’offre ici une parenthèse expérimentale. Des rythmes lents, un son limpide, des effets spéciaux et des mélodies presque parlées créent une originalité dans le parcours des Melvins… que l’on connaît plutôt bruyants d’habitude.

Viva El Amor
Un fabuleux disque, sans doute le meilleur de la seconde période du groupe (et peut-être de toute la carrière !). On relèvera pour la petite histoire que la photo de la jaquette est signée Linda McCartney (disparue peu de temps avant). A noter aussi la présence de Jeff Beck à la guitare sur « Legalise Me ».

White Ladder
David Gray se constitue au fil de la décénie un carré de fans inconditionnels. « White Ladder », son sommet discographique, le consacre universellement. S’il s’inscrit dans une lignée pop anglaise, des Beatles à Bowie en passant par Elton John, il doit aussi beaucoup à la tradition folk-rock américaine (Dylan ou Paul Simon).