Les albums rock de 1998
5
Sans renier vraiment ses références musicales, le « caméléon du rock » réussit ici, plus que jamais, à les transcender pour produire son album le plus personnel. Un travail, comme à l’accoutumée, très soigné et, en l’occurence, bien dans l’air du temps avec quelques accents electro-pop.
A Rose Is Still A Rose
On mesure ici tout le chemin parcouru depuis l’époque héroïque de la soul music… Mais le talent n’a pas d’âge et Aretha Franklin fait beaucoup mieux ici que soutenir la comparaison avec les Whitney Houston ou Mariah Carey, dont elle a bien évidemment été l’inspiratrice… Un album étonnement moderne, réalisé avec Puff Daddy et Lauryn Hill (Fugees).
Americana
Devenu en 10 ans et 5 albums l’une des références du punk-rock californien (avec Green Day et NoFX), The Offspring confirme son statut de précurseur en mélangeant diverses influences comme la musique latine ou mexicaine à son genre de prédilection. Sans être le meilleur album du groupe, « Americana » fait mouche en sortant l’artillerie lourde (« Staring at the Sun », « Pretty Fly (For a White Guy », « Why Don’t You Get a Job ? »). Chroniqué par Jérôme
Black Tornado
C’est au côté de son mentor Magic Sam que Magic Slim, de son vrai nom Morris Holt, fait ses premières armes. Après quelques tentatives infructueuses fin 60’s et début 70’s pour se faire connaitre en solo, il doit attendre les années 80 et le regain d’interêt pour le blues pour s’imposer comme un des derniers représentants du Chicago Blues. Chroniqué par Pierre-André Bague
Bring It On
Entre folk et blues, entre pop et trip-hop, Gomez ne choisit pas vraiment et l’on trouve curieusement une belle unité de ton dans la diversité. Le groupe de Liverpool obtient d’entrée une reconnaissance avec ce premier album : le Mercury Awards du meilleur album anglais de l’année.
Car Wheels on a Gravel Road
Lucinda Williams est la fille que Joan Baez et Bob Dylan aurait pu avoir ensemble, ou celle de Joni Mitchell et Leonard Cohen !… autant de références avouées par elles. On l’a aussi comparée à Bruce Springsteen et son immense talent, son goût de la perfection rappelle le travail de bien d’autres grands noms du country rock. « Car Wheels », album de la consécration, est un chef-d’oeuvre intemporel, d’une modernité paradoxalement puisée dans la tradition américaine… la grande !
Deserter’s Songs
Il faut curieusement attendre la parution de ce 4ème album pour que le groupe de Jonthan Donahue et Sean Grashopper apparaisse soudain comme une révélation ! Il faut dire que les 11 chansons du cru 98 dégagent une féérie particulière. Le bruit volcanique des débuts cède ici le pas à des orchestrations quasies symphoniques. Un étal de sucreries colorées qui évite magistralement la mièvrerie où seraient tombés bien des adeptes du genre.
Do or Die
Mêlant le hardcore punk et la musique celtique traditionelle à la mode des Pogues, les Dropkick Murphys passent le pas du premier album studio avec « Do or Die ». Produit par Lars Frederiksen, guitariste et chanteur de Rancid, cet opus n’hésite pas à piocher dans diverses sources d’influences comme les groupes de la trempe d’Agnostic Front ou le répertoire traditionnel irlandais. Chroniqué par Jérôme
Electro-Shock Blues
La légèreté des débuts cède ici le pas à l’expression d’une déchirure : « E » vient d’être touché par plusieurs décès dans sa famille et ses proches. Il transcende sa douleur et s’affirme comme un songwriter de grande envergure… Un album à l’immense beauté sombre qui partage sa force solennelle avec d’autres oeuvres écrites dans des circonstances analogues : « Tonight’s the Night » de Neil Young par exemple.
From the Choirgirl Hotel
Pour la première fois, Tori est accompagnée d’un groupe, ce qui donne une nouvelle dimension à sa musique toujours aussi personnelle. Une rupture, puis son mariage avec son ami de longue date se sont produits pendant l’enregistrement de ce quatrième opus, et cela se ressent dans le style des chansons.
Hellbilly Deluxe
Rob Zombie est sur tout les fronts : création d’un label musical, réalisation de films de séries Z et par dessus tout, il commence avec « Hellbilly Deluxe » une carrière solo, signant de facto l’arrêt de mort de son ancien groupe, White Zombie. Apparaissant comme l’une des légendes du metal, il reste fidèle a sa réputation et signe « Dragula » qui sera utilisé un an plus tard pour le film Matrix… Chroniqué par Jérôme
Into the Sun
Sean Lennon se lance plus prudemment dans l’aventure musicale que son demi-frère Julian. Plus tardivement aussi (mais il est de 12 ans son cadet). Membre de Cibo Mato peu de temps avant, il n’affirme pas avec ce premier album solo un style marqué : on passe de la pop façon Beatles (plutôt McCartney, même si la voix rappelle celle du papa) aux conotations latines. Une petite touche expérimentale et quelques guitares heavy caractérisent aussi cet album sans prétentions. Le personnage simple et sincère attire la sympathie.
Louise Attaque
Louise Attaque est l’une des belles surprises francophones de fin de siècle. Adepte des Violent Femmes (dont il s’inspire pour le choix de son nom), le groupe est produit pour ce premier album par Gordon Gano. Le trio de départ est rejoint par le violoniste Arnaud Samuel qui donne au groupe, avec la voix et le phrasé particuliers de Gaëtan Roussel, sa texture sonore originale… Une remarquable façon de faire swinguer la langue française.
Mark Hollis
Difficile de reconnaître sur cet album le chanteur des énormes tubes synthé-pop de Talk Talk de la première moitié des années 80… un tambourin asthénique remplace ici les boîtes à rythme ! Mark Hollis, l’introverti, poursuit sa quête expérimentale à la croisée du jazz, de l’ambient et de la musique folklorique. Un univers proche d’un Robert Wyatt. Une maîtrise surnaturelle de l’atmosphère.. beauté paisible, fine, saisissante !
Mechanical Animals
Après le rock satanique de l’Antichrist Superstar, on revient aux sources de Sex, Drug and rock-n-roll avec cet album charnière. On trouve dans cet album le titre « Rock Is Dead » que l’on entend dans le film Matrix, ainsi que le mythique « I Don’t Like The Drugs (But The Drugs Like Me) ». Il faut aussi citer « Great Big White World », « The Dope Show » et « The Last Day On Earth ». En fait, rien à jeter !
Mezzanine
Sept ans après « Blue Lines », Massive Attack a de nouveau rendez-vous avec la perfection avec cet album parfois considéré comme leur effort le plus original. Hymne sombre, complexe, urbain où les ambiances oppressantes peuvent déboucher sur des climats paradisiaques et de parfaite béatitude. Techniquement, c’est un travail d’orfèvre.
Moon Safari
A l’instar du premier Daft Punk paru l’année d’avant, le premier album de Air est d’entrée une pure merveille. Dans son style, à la différence de la plupart de ses contemporains, le duo Nicolas Godin – Jean-Benoit Dunckel lorgne plutôt vers le début des années 80 et la new wave, voire Vangelis. Une musique au raffinement spacial extrême, plus à écouter dans son salon qu’à destination d’un quelconque dance floor.
Music Has the Right to Children
Comme son nom ne l’indique pas, Boards of Canada est écossais. Le duo composé de Marcus Eoin et Michael Sandison puise une part de son inspiration aux sources historiques de la musique électronique et se retrouve aussi assez proche parfois de l’ambient de Brian Eno. « Music Has the Right to Children », ses climats plutôt paisibles et mélodiques, ne révolutionne pas le genre mais s’inscrit comme un grand sommet trip-hop de l’année.
People Move On
Libéré des contraintes d’un groupe (Suede), Bernard Butler se sent visiblement obligé de prouver qu’il peut s’en sortir seul, et ce premier album solo sent un peu plus le travail soigné que la liberté créatrice. « People Move On », avec notamment ses belles ballades acoustiques, rivalise pourtant très bien avec le meilleur de la brit-pop, dont Butler avait été un pionnier avec Suede, et l’album connaît un certain succès.
Photograph Smile
Après le succès de « Valotte », son premier album, furieusement ressemblant au style de son père, Julian Lennon tente de briser cette image… sans réussite : le public ne suis pas, et c’est vrai qu’il est moins convainquant. Il se retire un temps du milieu musical. Avec « Photograph Smile », Julian retrouve ce qui est finalement son « naturel », le très Beatlesien « Day After Day » donne le ton : il assume l’héritage (génétique !) que d’autres ne se privent pas de pirater (Blur, Oasis et des centaines d’autres)… un très bon disque !
Premonition (live)
John Fogerty gagnera finalement tous ses procès contre ses anciens producteurs. Mais sa carrière solo en sera bien sûr affectée et rendue très épisodique. Après un excellent « Blue Moon Swamp », il se décide enfin à reprendre en concert le répertoire de Creedence… Des titres qui, à côté de ses nouvelles compositions, n’ont manifestement rien perdu de leur force !
Rafi’s Revenge
Issu de la communauté indo-pakistanaise londonienne, Asian Dub propose une fusion tous azimuts inédite, une sorte d’électro-dub orientalisé appuyé par des guitares funky et des percussions ethniques. Le flow rap qui couronne le tout est porteur de revendication et d’une critique sociale aigue. Les adeptes vont rapidement se compter par millions !
Sehnsucht
Rammstein, originaire d’Allemagne de l’Est, tire son nom, en ajoutant un « m » (comme métal ?), d’une localité où le crash d’un avion de l’US Air Force pendant une parade militaire fit près d’une centaine de victimes. Les concerts du groupe, fortement scénarisés avec force d’effets spéciaux, rassemblent, à l’Est, des foules toujours plus importantes… Le métal alternatif et progressiste du groupe étend rapidement son emprise sur… le reste du monde !
Something Wild
Venant de la scène black metal underground finnoise, Children of Bodom se place dès ce premier album en haut des ventes d’albums en Finlande dans sa catégorie. Très vite, le succès se repand dans de nombreux pays et le groupe devient l’une des références mondiales du genre. Cet album se différencie de ceux qui suivront par la présence de clavier et d’influence neo-classique. Chroniqué par Jérôme
System of a Down
Premier album du groupe de Los Angeles, « System of a Down » est un mélange de Nu Metal et de Hard Rock, teinté d’une touche d’héritage musical arménien, pays d’origine de ses membres. Le succès de cet album est en grande partie du à la collaboration du producteur Rick Rubin et aux messages forts relégués par les membres du groupe (reconnaissance du génocide arménien, famine en Afrique, paix dans le monde…). Chroniqué par Jérôme
The Boy With the Arab Strap
Toujours aussi simple et dénué d’artifice, à l’image des jaquettes monochromes des albums successifs, Belle & Sebastian revient avec un nouvel opus deux ans après celui qui les avait révélé. Le charme des m�lodies folk paisiblement répétitives opère avec une force étonnante au fil des écoutes. On pense ici parfois, agressivité en moins, aux effets (faussement) maladroits et totalement hypnotiques du Velvet… Vraiment un très bon disque.
The Chemical Wedding
Ce cinquième album de l’ancien chanteur d’Iron Maiden a ravi les fans du groupe qui baissait de niveau en cette fin des années 90. Beaucoup de créativité, une dose d’agressivité, un peu de médiéval fantastique et la recette donne un album très impressionant et homogène.
The Miseducation of Lauryn Hill
La chanteuse des Fugees réalise avec cet album la fusion ultime entre tous les styles afro-américain et pop : rap, soul, reggae, R&B…; un énorme cocktail où elle glisse également une touche personnelle. Elle se donne par ailleurs les moyens d’une production très haut de gamme avec une distribution qui s’apparente presque à un botin téléphonique (pages jaunes, bien sûr : le côté pro !).
This Is My Life
En rassemblant sur cet album 16 titres marquants Calvin Russell se raconte. Une enfance difficile, suivie de 10 années de prison, forgent une vie, une personnalité. Entre blues et country l’art du desperado texan n’en devient que plus humain, touchant. Calvin Russell doit beaucoup à l’Europe : à la France (son premier contrat discographique est chez New Rose), à la Suisse où il créé en 99, à Conthey, son propre club le « Roadhouse Music Bar »…
Walking Into Clarksdale
Conseil : pour apprécier cet album, il faut oublier Led Zeppelin, vous n’avez jamais entendu parler de Robert Plant et Jimmy Page ! D’ailleurs la voix n’a pas grand chose à voir avec celle du chanteur-hurleur d’un méga-groupe qui aurait pu exister. Peu de Riffs métalliques ici, ou de soli flamboyants. Le son est brut, presque garage. Le batteur est carré, le bassiste inventif. Un bon album des années 90… mais bon sang qu’il est dur d’oublier Led Zeppelin !
Without You I’m Nothing
Moins rageur que le premier album, plus mélodique, parfois même avec une pointe de mélancolie, « Without You I’m Nothing » est l’une des plus belles choses sorties en 98. Le groupe, avec une belle maturité, joue sur les contrastes, l’ambiguité, explore son nouvel horizon musical.