Les albums rock de 1997
Around the Fur
D’abord considérés comme les héritiers directs de Korn, Deftones est surtout l’un des premiers groupes à combiner les riffs de guitares métal et les voix hurlantes avec des vocaux et des ambiances éthérées et calmes. Ils vont faire nombre de disciples sur ce plan. Le groupe trouve, en tous cas, avec cet excellent second album sa propre identité. A noter, la participation de Max Cavalera (Sepultura, Soulfly) sur « Headup ».
Barely Legal
En fin de siècle, l’une des plus saisissantes revisitations punk nous vient de Suède. Formés en 1993, les Hives propulsent en 97 un premier album fracassant en quatorze titres où le rythme ne faiblit pas une seule seconde. Leurs costumes stricts ne sont pas la seule originalité de ces descendants directs des Stooges : ils se déclarent surtout manipulés et sous l’emprise d’un mentor (probablement fictif ?!) nommé « Randy Fitzsimmons »… qui signe effectivement tous leurs titres !
BBC Sessions (Live)
Les fans du dirigeable de plomb auront dû attendre 21 ans pour voir enfin un live digne de ce nom, après le bon mais quelque peu décevant « The Song Remains The Same » (B.O. du film du même nom). ce double album retrace, avec le premier cd, les débuts de Led Zeppelin avec les titres de leur premier album et des reprises blues… avec le second, il restitue un concert du groupe à Londres en 1971, Led Zep à son apogée avec ses titres phares « Black Dog », « Heartbreaker », « Whole Lotta Love » et ses grands moments d’improvisation comme sur « Dazed and Confused ». Chroniqué par Pierre-André Bague
Blue Moon Swamp
Considéré à juste titre par les fans et la critique comme un des meilleurs albums solo de John Fogerty, « Blue Moon Swamp » marque le grand retour de l’ex-leader de Creadence Clearwater Revival. Les riffs rock qui rappellent l’âge d’or de CCR sont présents sur cet album (« Blue Boy », « Swamp River Days ») et on se laisse vite envoûter par le charme des autres compos de Fogerty. Un album qui transpire la joie de vivre et le plaisir de jouer… Chroniqué par Pierre-André Bague
Blur
C’est une évidence avec cet album, Blur ne cherche pas à concurencer Oasis, le « rival » brit pop auquel on a coutume de les l’opposer, mais poursuit son propre chemin. Le groupe fait ici le pari audacieux de l’innovation, voire même de l’expérimentation sonore, au risque de dérouter un peu les fans de la première heure.
First Rays of the New Rising Sun
Sorti tardivement, cet album rassemble l’intégralité de « The Cry of Love » en y ajoutant d’autres titres enregistrés entre 1968 et 1970… Dans l’imposante discographie postume de Jimi Hendrix sans doute la meilleure compilation des parutions studio prévues mais non réalisées par le mythique guitariste avant sa disparition.
Flaming Pie
Après le parcours absolument sans faute des Beatles, il était sans doute illusoire d’en attendre autant des « quatre garçons » en solo. Ceci dit, McCartney a souvent réellement déçu avec des disques de qualités variables… Et puis soudain, en 97, brusque réveil et ce « Flaming Pie » surgit avec une simplicité et une magie qu’on croyait définitivement d’un autre temps !
Floored
Sans se prendre du tout au sérieux au départ, la bande à Mark McGrath (chant) emboîte le pas de leurs compatriotes californiens les Red Hot Chili Peppers, avec une fusion métal-funk-rap. Ils connaissent rapidement un gros succès local. Les choses sérieuses commencent lorsqu’ils assurent des premières parties de Korn et des Sex Pistols réssuscités. Ce second album, avec le succès de « Fly », se vend à plus de 2 millions d’exemplaires.
Good Feeling
Dans le sillage d’Oasis, Travis affirme une identité pop british traditionnelle, tirant ses sources des grands classiques : Kinks, Beatles, Small Faces… Ils vont se forger au fil de quelques albums sans prétention excessive, une solide réputation de groupe sympa, plutôt surpris par son succès grandissant. Un rock mélodique d’excellent facture.
Homework
Dans ce qu’on appelle ailleurs la « nouvelle école française de progressive house », Daft Punk fait figure de « bon élève », voire premier de la classe !… La notoriété du duo parisien, novateur dans le genre, s’internationalise rapidement. Un fond électronique et techno qui puise des sources bien au delà, dans le rock indépendant, le rap ou même la pop.
Homogenic
Désormais en pleine confiance, Björk franchit un nouveau pas important en publiant un album très personnel pour lequel elle assure elle-même la production. « Homogenic » est loin de présenter toutes les facettes et possibilités de l’artiste, il privilégie au contraire une unité de ton. C’est une globalité, un disque à part, sommet introspectif et plein de sensibilité.
In It for the Money
Si l’on retrouve sur cet album la joyeuse exhubérence et l’énergie juvénile de « I Should Coco », « In It for the Money » se révelle plus ambitieux. Le groupe ne perd pas son sens de l’humour, on assiste à quelques délires façon « Magical Mystery Tour ». Mais l’album se distingue surtout par une complexification et une belle richesse mélodiques… une précosse et étonnante maîtrise et maturité.
Lamb
Assez curieusement dans les années 90, Manchester, haut-lieu du rock britanique, devient aussi une plaque tournante de la musique électronique et techno. Lamb tire son épingle du jeu et créé une originalité avec ce premier album qui célèbre les noces entre jazz et drum’n’bass. Le duo Andy Barlow/Louise Rhodes est également l’un des premiers groupes à poser sur du drum’n’bass de la voix et des mélodies sensuelles.
OK Computer
Si leurs influences de jeunesse ont pu être les Pink Floyd, U2 ou R.E.M., Radiohead a surtout parfaitement transcendé ses sources pour devenir à son tour une référence, un modèle : souvent imité, jamais égalé !… 10 ans après sa formation à Oxford, « Ok computer » pulvérise tous les records de vente du groupe, devenu (légitimement) le chouchou de la génération post-grunge.
Stupid, Stupid, Stupid
Après l’inattendu « It’s Great », Black Grape décroche deux hits avec les singles « Fat Neck », enregistré avec Johnny Marr des Smith, et « England’s Irie », un hymne au foot anglais, avec Joe Strummer (Clash). « Stupid, Stupid, Stupid » reconduit avec succès la formule du premier album, ce cocktail euphorisant de rap, de house, de rock, de soul et de pop que Shaun Ryder avait déjà testé à l’époque d’Happy Mondays sur l’album « Pills ‘n’ Thrills and Bellyaches ».
The Boatman’s Call
« L’appel du batelier » est un chef-d’oeuvre tranquille, romantique et mystique. Une orchestration minimaliste et paisible sert d’écrin aux interrogations métaphysiques d’un Nick Cave qui distille à souhait l’imagerie gothique et biblique qu’il l’a toujours aimée. Le style et la voix grave rappellent ceux de Leonard Cohen, l’un de ses inspirateurs… Un album totalement à part et pourtant totalement représentatif, parce que totalement intimiste.
The Colour and the Shape
Ce deuxième album représente le premier véritable travail en temps que groupe, tant au niveau des compositions que de l’interprétation (puisque Dave Grohl jouait lui-même de tous les instruments sur le précédent). La direction de Gil Norton (producteur des Pixies) donne une étoffe plus professionnelle au groupe, mais créé aussi des frictions qui entraînent le départ du batteur William Goldsmith pendant les sessions.
The Story Of Them Featuring Van Morrison
Les albums des Them sont aujourd’hui quasis introuvables. Pour les nostalgiques, ou les collectionneurs, cette compilation, parue en 97, en restitue l’essentiel ainsi que les singles de l’époque (1964 – 1966).
The Will to Live
A la façon de certains inclassables comme J. J. Cale ou Steve Winwood, Ben Harper trace sa route avec discrètion : « Je fais de la musique. Point ». Comme tous ses albums, « The Will to Live » (plus électrique qu’à l’accoutumé) se situe au carrefour de multiples influences. Il se révèle aussi comme tous les autres pétri d’humanité.
Troublizing
Accompagné par un grand nombre de musiciens des groupes q’il produit, Ric Ocasek collabore ici avec Billy Corgan (Smashing Pumpkins)… Une très solide collection de chansons qui, sans qu’ancune ne sonne comme un véritable tube, constitue sans doute sa meilleure réalisation personnelle depuis « This Side Of Paradise ».
Urban Hymns
Après deux premiers albums excellents qui ne connaissent aucun succès commercial, The Verve est au bord de la séparation. La troisième tentative sera la bonne : « Bittersweet Symphony », adaptation de « The Last Time » des Rolling Stones, est un immense tube, aussitôt suivi du fameux « The Drugs Don’t Work », de « Lucky Man », de « Sonnet »… l’album de la dernière chance est un grand album !
White on Blonde
Si le titre de l’album fait encore penser aux Etats Unis (allusion au « Blonde On Blonde » de Dylan), son contenu n’a plus grand chose à voir avec la country-pop des débuts. Le groupe a rapidement perdu son identité de départ pour évoluer vers une pop R’n’B. Reste que, dans son genre, « White on Blonde » est un très bon album, et « Say What You Want » est un énorme tube.