Les albums rock de 1983
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Alors que le groupe était dissous, voici Yes qui renaît de ses cendres. Le style a changé, on est plus proche du rock FM (à l’instar du tube interplanétaire « Owner of a lonly heart ») que du rock progressif. Mais la parentée reste évidente et la voix si particulière de Jon Anderson est là. Steve Howe est parti, mais Trevor Rabin est un guitariste brillant… l’album de la renaissance est évidemment réussi !
Animal (F**k like a Beast)
Issu de la scène métal de Los Angeles, W.A.S.P. se distingue à ses débuts par des shows gore et outranciers : le guitariste-chanteur Blackie Lawless (Steve Duran) boit du sang dans un crâne et balance de la viande crue dans le public !… Passé le choc et cet excellent premier quatre titres, le groupe aura plutôt du mal à confirmer musicalement.
Before Hollywood
Originaires de Brisbane en Australie et installés à Londres, les Go-Betweens se résument à un duo : Grant McLennan et Robert Forster, auquel s’adjoint la batteuse Cindy Morrisson. Il sont déjà bien connus depuis la sortie de leur premier album, mais Before Hollywood est leur première grande réussite.
Blue Sunshine
The Glove, groupe d’un seul album, est le fruit d’une collaboration ponctuelle entre Robert Smith (The Cure) et Steven Severin de Siouxsie & The Banshees. Les deux artistes se connaissent bien, Smith avait assuré un intérim de luxe au sein des Banshees en 1979. Une belle production en forme de clin d’oeil au psychédélisme qui ne manque pas d’originalité, et qui ne remet pas en cause l’existence des deux groupes en plein succès à cette même époque.
Can’t Slow Down
Chanteur des Commodores pendant 10 ans, Lionel Richie entame en 82 une carrière solo sur un registre pop-soul qui fait aussitôt recette. Parmi ses tubes les plus connus : « Truly » (82), « Say You Say Me » (85), ainsi que « Hello », « All Night Long » et « Penny Lover », tous trois tirés de cet album… qui est la plus grosse vente historique du label Motown.
Colour By Numbers
Le deuxième (et dernier) essentiel de Culture Club… et l’un des albums les plus populaires et représentatifs de la décénie (avec son côté flamboyant, sexy, coloré, androgyne et insouciant). A la suite de « Karma Chameleon », le groupe aligne les hits en Angleterre, mais aussi dans le reste du monde.
Cuts Like a Knife
Derrière un rock qu’on peut trouver à grosses (et puissantes) ficelles, taillé pour les stades, se cache un duo de vrais auteurs-compositeurs (Adams et son copain batteur Jim Vallance). La belle gueule du chanteur, sa voix puissante et râpeuse, des titres simples et directs, un nombre faramineux de concerts font le reste : Bryan Adams connaît avec ce troisième album un succès populaire phénoménal et va marquer la décénie.
Eliminator
Dernier sommet indiscutable, album de tous les records (trois ans dans les classements US !), dernier indispensable du groupe… Eliminator et la tournée qui va suivre font de ZZ Top l’une des plus grosses usines à rock du monde. Entre les riffs et déluges de guitares se glissent désormais quelques discrets synthés, ce que l’on qualifiera de… « new wave du blues rock » !
Everywhere at Once
The Plimsouls, formé par Peter Case (ex-Nerves), est au début des années 80 l’une des meilleures formations de scène à Los Angeles. C’est aussi l’un des premiers groupes à ramener la pop façon Byrds et Beatles dans la new wave… Des albums soignés, et une réussite artistique qui repose autant sur la voix de Peter Case que sur la superbe guitare d’Eddie Munoz.
Head Over Heels
Avec ses orchestrations totalement inondées dans la réverbération et la voix céleste d’Elisabeth Frazer qui semble repiquée au fond d’une cathédrale, Les Cocteau Twins, trio écossais, vont égrenner tout au long des années 80 et plus des albums (et des minis) affichant une élégante beauté détachée et la mélancolie musicale rafinée dont « Head Over Heels » est bien représentative.
Hexbreaker
Tandis que « Blast Off! », compilant les premiers enregistrements du groupe ne sort qu’en cassette audio en 82 (il sortira en CD plus tard), Les Fleshtones s’imposent en Europe avec une excellente tournée et ce second véritable album. L’influence sixties et Yardbirds s’y confirme avec un harmonica à la Keith Relf et le son typique d’un orgue Farfisa… Une formule rétro qui va rester la marque de fabrique du groupe jusqu’à nos jours.
Kill ‘Em All
En combinant la vélocité d’un Motörhead, la vitesse et l’énergie du punk rock et les riffs brûlants de la nouvelle vague métal anglaise (Judas Priest, Iron Maiden), Metallica pose les bases d’un nouveau genre : le thrash !… Et la fabuleuse guitare de James Hetfield définit avec précision ce que deviendront les principaux formats de ce genre.
Labour of Love
Multiracial, issu de la classe ouvrière (« UB40 » est le nom d’un formulaire de chômage, en mémoire du bureau de l’ANPE locale où les membres du groupe se rencontrent la première fois), UB40 propose dès le début des années 80 une version anglaise d’un reggae-pop chaleureux. Un emballage soyeux qui véhicule un contenu politisé, parfois censuré par la maison de disque. La carrière du groupe va être largement écrasée par quelques hits internationaux, comme « Red, Red Wine » (de Neil Diamond) ou la version reggae qu’ils donneront en 1985 de « I Got You Babe » (Sonny & Cher) avec Chrissie Hynde.
Le péril jaune
Indochine s’inscrit en France dans le sillage du succès de Téléphone, mais surtout, musicalement, dans celui de la new wave anglaise des Cure ou Depeche Mode. Un premier album (disque d’or) qui ne manque pas d’originalité et d’intérêt avec sa thématique et ses consonnances exotiques, son mariage réussi de synthés et de programmation avec des guitares limpides rappelant celles des Shadows.
Learning To Crawl
En 1982, James Scott, guitariste et élément très important meurt d’une overdose. Peter Farndon (basse) quitte le groupe. Malgré ces difficultés, Chrissie Hynde et Martin Chambers (batterie) réussissent à maintenir le cap et produisent ce troisième album à la richesse évidente.
Macadam Massacre
S’il ne fallait donner qu’un nom, un seul, au punk et au rock alternatif français, ce serait évidemment « Bérurier Noir » !… Concerts théâtralisés et contestation sociale farouche et tous azimuts marquent une époque qui verra, dans le sillage des « Bérus », la naissance des premiers labels indépendants. Deux guitaristes-chanteurs, un saxophone et une boîte à rythmes : un premier album explosif !
Madonna
La carrière de Madonna débute comme dans les meilleures fictions à l’eau de rose : une maquette qui tombe, par des amis interposés, sur le bureau d’un producteur influent qui est aussitôt enthousiaste et décide de miser le paquet !… Succès immédiat et premiers tubes qui cotoient dans les charts ceux de Michael Jackson, la nouvelle méga-star du moment !
Metal Health
Quiet Riot, c’est surtout l’histoire d’un succès éclair. Au début des années 80 il est le premier groupe metal grimper dans les charts pop. Le groupe fait figure de Slade californien et décroche d’ailleurs ses deux plus gros succès avec les reprises, ici, de « Cum on Feel the Noize » et de « Mama We’re All Crazy Now » sur l’album suivant (« Condition Critical »).
Murmur
R.E.M. est un géant des années 80 mais aussi – paradoxe – l’un des groupes les plus méconnus du grand public qui ne va en retenir que la petite poignée de tubes matraquée plus tard sur les radios du monde entier. Issu du milieu underground américain, il est le parfait exemple du renouveau musical after-punk, créant une nouvelle modernité sur la base d’un folk-rock traditionnel. « Radio Free Europe », single de 81, est un premier hit… et « Murmur » un premier chef-d’oeuvre.
No Parlez
Paul Young est l’initiateur de la vague soul anglaise des années 80. On le compare souvent à Mick Hucknall de Simply Red. Avec sa voix remarquable, il impose un premier album qui ne contient pas moins de 4 tubes : « Come Back and Stay », écrit par Jack Lee des Nerves, « Love of the Common People », « Wherever I Lay My Hat » de Marvin Gaye et l’inattendu « Love Will Tear Us Apart » de Joy Division (une reprise sacrilège pour certains !).
Omsk
Formé en 1974 à Amsterdam, Nits est d’abord influencé par la pop des années 60. Le groupe découvre plus tard l’électronique et le synthé et défriche avec beaucoup de réussite un terrain situé entre Kraftwerk et les Kinks. On les rapproche souvent de Prefab Sprout et plus encore de XTC. « Omsk » est l’un des grands albums de l’année.
Pyromania
Pyromania (dont la jaquette pourrait être une image prémonitoire de l’attentat du World Trade Center) est l’album qui fait exploser la notorité de Def Leppard. Guitares croisées, harmonies vocales lêchées, production impeccable… les concerts du groupe sont aussi spectaculaires. Il est le seul à l’époque à rivaliser avec Mickael Jackson pour remplir des stades aux USA !
Riding With the King
La carrière de John Hiatt commence par un travail dans l’ombre, il écrit et compose pour les autres, elle se poursuit dans un relative discretion au début des années 70 lorsqu’il enregistre pour son compte… Ses titres vont être repris avec succès par Iggy Pop, Dylan, Dr. Feelgood, Neville Brothers, mais il faut attendre les années 80 pour qu’il atteigne une véritable reconnaissance et que le public mette réellement un visage sur ce nom déjà passablement connu.
Script for a Jester’s Tear
On parle à leur propos de néo-prog., Marillion va de fait redonner vie à une tradition musicale directement issue des premiers Genesis. Un peu décallé, ce groupe anglais va pourtant trouver une audience considérable tout au long des années 80… Un brillant représentant de la seconde génération du rock progressif… pour les amateurs du genre.
Shout at the Devil
Dans les années 80, l’unes des plus marquantes incarnations du fameux « sexe, drogue & rock-n-roll »… Mötley Crüe, maquillé façon glam, cultive l’outrage et la provocation, une domaine où il ne sera guère égalé plus tard que par Guns n’ Roses et Slayer. Cet excellent deuxième album, à forte odeur de soufre, place le groupe très en vue dès le début de la décénie.
So
Après sa période ethnico-rock, Peter Gabriel atteint en 83, avec cet album, une reconnaissance mondiale. Grosse réussite commerciale dont la tonalité pourrait sembler lorgner vers le rock FM de Phil Collins. La production est en tous cas parfaite. « Don’t Give Up » est chanté en duo avec Kate Bush.
Soul Mining
Le travail du londonien Matt Johnson est l’une des choses très intéressantes des années 80. Après un premier album de pop très expérimentale, Johnson décroche un bon contrat discographique qui lui permet de sortir ce très bon « Soul Mining ». Il se fait beaucoup plus accessible… Une tonalité très originale mêlant dance-pop et austérité new wave.
Sports
Catalogué dans les « Bar Bands » qui réhabilitent un son et un certain esprit des débuts du rock-n-roll, Huey Lewis et ses News sont l’un des groupes les plus populaires des années 80 aux USA (« Sports » va rester près de deux ans dans les classements). La simplicité, un son très soigné et des paroles directes assurent le succès de la formule.
Suicidal Tendencies
Suicidal Tendencies se distingue dans la mouvance hardcore punk californienne par son rapprochement précosse avec le metal. Les débuts du groupes sont difficiles. La rumeur les dit affiliés à la mafia locale (!) et les portes des maisons de disques se ferment. Mike Muir, furieux chanteur, est pourtant plein d’humour, mais rien n’y fait. « Institutionalized », devenu un classique du groupe, sera pourtant l’un des premiers clips hardcore à passer sur MTV.
Sweet Dreams (Are Made of This)
Ca commençait plutôt mal : en 81 leur premier album est un échec commercial, Annie Lennox fait une dépression et Dave Stewart a un accident de voiture ! Mais le duo va finalement imposer sa pop électronique et synthétique avec les titres « Love Is a Stranger » et surtout le tube planétaire qu’est la chanson titre de cet album.
Swordfishtrombones
Avec « Swordfishtrombones », changement de ton pour Tom Waits qui inaugure sa période la plus déjantée. Expérimentations sonores diverses, rythmique jazzy ou décousue, cynisme tendre et mélancolique, font de ce disque un joyau suréaliste, bancal et magnifique, comme il en existe peu.
Synchronicity
Le dernier album studio de Police est un véritable aboutissement artistique, un sommet ! A la fois retour aux sources du groupe et regard vers les musiques du monde. La boucle est bouclée. Tout respire ici la finesse, l’intelligence, avec une apparente facilité déconcertante. « Every Breath You Take » est l’un des plus gros hits de tous les temps aux USA. A l’issue de la tournée de promotion qui suit, le groupe annonce une pause sabbatique… qui se révélera définitive !
Texas Flood
Stevie Ray Vaughan, éblouissant guitariste à la carrière éclair (il meurt accidentellement en 1990), est la figure de proue du blues électrique des années 80. Avec ce premier album, il atteint déjà la perfection absolue. Surnommé le « Jimi Hendrix blanc », sa discographie solo ne comportera que quatre albums studio de son vivant.
The Principle of Moments
Tandis que Jimmy Page était évidemment considéré comme le grand maître d’oeuvre de Led Zeppelin, c’est curieusement le talent de Robert Plant qui va s’affirmer dès la séparation du groupe. Ses réalisations personnelles affichent d’emblée une créativité originale. Marqué par les sonorités froides et métaliques du guitariste Robbie Blunt, « The Principle of Moments », très réussi, est difficilement comparable avec un quelconque autre album.
The Waterboys
Le premier album des Waterboys dégage une force remarquable. On ne peut pas dire qu’il se distingue par son originalité : il a l’étoffe d’un U2, la pulsion d’un R.E.M., les accents d’un Van Morrison (« Where Are You Now When I Need You? »)… que des belles références tout de même ! Mais Mike Scott s’affirme d’emblée comme un leader-chanteur fascinant, capable de donner à chacun de ses titres une ampleur épique et une dimension considérable.
Touch
Le couple (à la ville comme à la scène joue) sur les contrastes… avec Dave Stewart en vagabond irsute et Annie Lennox en costume et cheveux courts gominés… avec une puissante rythmique glaciale et pré-techno à laquelle répondent des mélodies langoureuses ou colorées. Mais Touch est incontestablement une pierre d’angle de la pop des années 80.
Victims of the Future
Excellent lead guitar, influencé par le blues, Hendrix, Jeff Beck ou Fleetwood Mac, Gary Moore a fait partie de Thin Lizzy et Colosseum. Né à Belfast, il ne renie pas non plus des sources celtiques. Ce complice d’Ozzy Osbourne et Cozy Powell (Black Sabbath) trace une route en solo entre blues et hard rock de bonne facture. Il affiche une discographie très intéressante.
Violent Femmes
Trio culte aux USA, Violent Femmes, emmené par Gordon Gano, est l’une des grandes originalités du début des années 80. Une formule semi-acoustique étonnante, punk déguisé en folk (ou l’inverse ?!). Une naïveté feinte doublée d’une rare lucidité… bref un grand groupe ! L’album est un désastre commercial à sa sortie, mais dépassera le million d’exemplaires 10 ans plus tard !
War
Avec War, U2 confirme son engagement musclé contre toute forme de médiocrité et d’injustice. « Sunday bloody Sunday » qui ouvre l’album dénonce la guerre fratricide qui déchire l’Irlande. Le groupe est toujours aussi solide musicalement et Keith Richard, guitariste des Stones, se dit « impressioné par le jeu de The Edge « .
Zebra
Avec un décalage de quelques années, on peut dire que Zebra est un peu au hard rock ce que Sweet avait été au glam : une adaptation hyper-soignée et « présentable » du genre à destination du grand public. Signé chez Atlantic, le groupe tente de remplir le vide laissé par Led Zeppelin, mais il n’en a pas le mordant. Ce premier album s’impose cependant aux USA avec l’aide de MTV et le « matraquage » de « Tell Me What You Want ».