Les albums rock de 1993
14 Songs
Paul Westerberg, le guitariste et auteur-compositeur de The Replacements, a sorti son premier album solo. C’était une bonne sortie, mais elle ne se compare pas vraiment à la grandeur de The Replacements.
Les jours de rage punk de ce groupe sont révolus et ont été remplacés par une bonne power-pop mélodique.
Il ne manque qu’un petit souffle d’inspiration à Westerberg pour… trouver un titre à ces « 14 chansons » !
Allegorical Misunderstanding
Le rock japonnais est un univers à lui tout seul ! Et sa capitale, Tokyo, est secouée depuis le milieu des années 70 par une scène underground des plus actives. Le guitariste-chanteur Keiji Haino en est, dès cette époque, l’un des grands agitateurs, en solo, puis avec son groupe. Furieusement avant-gardiste, influencé par le free jazz et laissant toujours une grande part à l’improvisation, Fushitsusha est ici produit par John Zorn… pas vraiment surprenant !
Anodyne
« Anodyne » est généralement considéré comme le sommet d’Uncle Tupelo (avec leur précédent album de 92, produit par Peter Buck de R.E.M.), même s’il perd un peut de la hargne des débuts. Le groupe va pourtant se séparer. Ses deux leaders Jay Farrar et Jeff Tweedy, amis d’enfance (ils sont né dans la même maternité !), ne s’entendent plus. Farrar fondera le groupe Son Volt et Tweedy accédera à une reconnaissance beaucoup plus importante et internationale avec Wilco.
August and Everything After
Quand les français comptent les moutons pour s’endormir, les américains, eux, comptent les corbeaux : « counting crows » !… Un premier album magnifique, avec le tube « Mr. Jones », dans un style proche de Van Morrison, du Band et de R.E.M.
Chaos A.D.
Sepultura est un groupe original à plus d’un titre. En dissidence avec son pays d’origine (Brésil) dont il dénonce les injustices, le groupe n’hésite pas à mêler aux guitares lourdes des éléments de musique etnique. Si la voix gutturale de Max Cavalera demeure très en phase avec le genre, la rythmique d’Igor, son frère, se complexifie, sans rien perdre de son extraordinaire puissance… Et « Chaos A.D. », à la limite de l’expérimental, est résolument un grand disque !
Debut
Björk veut faire du neuf et se réoriente après la séparation des Sugarcubes. Elle s’intéresse à la dance, travaille avec Nellee Hooper, connu pour ses collaborations avec Massive Attack et Soul II Soul. La réussite est totale et immédiate : « Human Behaviour », « Venus as a Boy » et « Big Time Sensuality » sont des hits, Björk est la grande révélation du moment et « Debut » est sacré disque de l’année !
Drunk
Vic Chesnutt est découvert par Michael Stipe (R.E.M.) qui l’aide à produire ses deux premiers albums. Ce guitariste chanteur paraplégique et original s’affirme rapidement dans la lignée des grands songwriters américains. En 1996, alors qu’il enregistre depuis une petite poignée d’années seulement, un album hommage sera enregistré pour lui par quelques uns de ses fans plus ou moins connus : Smashing Pumpkins, Garbage, R.E.M., Madonna… !!!
Dub no bass with my headman
Underworld devient avec cet album le groupe que l’on connaît, fruit de la rencontre d’une entité rock traditionnelle (Karl Hyde et Rick Smith,) avec le jeune DJ qui vient de les rejoindre (Darren Emerson). Emerson, taquin, plaisantera souvent sur ce choc de génération. L’électronique prend résolument le pas, et Underworld s’installe en leader d’un genre où l’on retrouve aussi Prodigy et les Chemical Brothers.
Dusk
« Mind Bomb » avait été assez universellement salué. Quatre ans plus tard ce lumineux « Crépuscule » (Dusk) marque un nouveau sommet, dans un style assez différent. On revient à un rock plus traditionnel. Loin des rythmes dance des anciens albums, l’électronique cède le pas aux instrumentations parfois acoustiques… Un remarquable ensemble, solide, profond et plutôt touchant.
Emergency on Planet Earth
Entre soul-funk, acid jazz et house, Jason Kay et Jamiroquai proposent leur irrésistible cocktail, propulsé par les deux hits qui ouvrent ce premier album à la densité remarquable. Une coloration musicale très américaine pour des Londoniens. Ces clônes talentueux de Stevie Wonder sont d’autre part écologistes, ce qui est un plus… et une belle originalité pour une musique à destination, entre autres, des dance floors !
Enter the Wu-Tang (36 Chambers)
Premier album du groupe de Hip-Hop new yorkais très largement inspiré de Public Enemy. Cet album reste comme l’un des albums rap les plus importants des années 90 grâce à ses rythmes nouveaux et son exploration musicale. Son influence touchera tous les rappeurs qui suivront (Enimen par exemple) et même au delà avec des groupes comme Rage Against the Machine. Chroniqué par Jérôme
Everybody Else Is Doing It, So Why Can’t We?
La qualité exceptionnelle d’un album n’en fait pas forcément un succès immédiat à grande échelle… ainsi la pop à consonnance celtique des Cranberries ne va trouver que très progressivement son public. Deux ans plus tard pourtant, ils seront devenus l’un des groupes phares de la scène indépendante et la voix particulière de sa chanteuse, Dolores O’Riordan, entre murmures et vocalises, sera mondialement connue.
Exile in Guyville
Liz Phair évolue dans le milieu underground à la fin des années 80. Son premier album est une véritable bombe et la fait apparaître comme la nouvelle révélation américaine. Il engendre même une ribambelle de clônes plus ou moins éphémères… Une affection particulière pour les Rolling Stones (le clin d’oeil du titre et les guitares rythmiques à la Keith Richards), mais aussi une filiation avec les grandes chanteuses d’outre-Atlantique.
Frank Black
En conflit avec sa bassiste, Kim Deal, au sein des Pixies, Black Francis décide de dissoudre le groupe pour se lancer en solo. Il change son nom en Frank Black. Il commence par réviser ses classiques, de la pop sixties à la new wave et au metal des années 80, et collabore avec Eric Drew Feldman (ex-Captain Beefheart et Pere Ubu)… Mais les débuts sont difficiles et ce très bon premier album se vend plutôt mal.
Fuzzy
Grant Lee Buffalo fait partie des quelques protégés de Michael Stipe (R.E.M), des groupes qu’il aura aidé à faire connaître et reconnaître. Le trio californien tient son nom de son leader-chanteur Grant Lee Phillips. Un premier album énergique ancré dans la tradition folk rock américaine mais où l’on sent aussi un regard tendu vers la new wave, voire des influences plus anciennes comme David Bowie.
Houdini
Melvins est devenu avec le temps un véritable monument de la scène de Seattle. Le groupe compte au début dans ses supporters une certain kurt Cobain, qui fait pour eux office de roadie. Kurt devient aussi leur protégé et, juste retour des choses, c’est grâce à lui – auréolé du succès de Nirvana – que Melvins signe chez Atlantic pour cet « Houdini » qui demeure comme l’un des grands albums de référence du grunge et du metal alternatif.
In Utero
Après le succès phénomenal (et inattendu) de « Nevermind », le groupe s’interroge sur sa musique et décide de revenir à un son moins « propre ». Steve Albini (producteur de « Surfer Rosa ») est appelé afin de redorer l’image grunge du groupe de Seattle. Il en résulte un album équivalent en énergie à « Bleach », la maturité en plus. A noter les excellents « Rape Me », « Dumb » et « All Apologies »… Chroniqué par Jérôme
Laid
Véritables superstars en Angleterre, James est présenté à ses débuts comme les nouveaux Smiths. Le groupe, comparé ensuite à U2, trouve finalement sa propre identité dans un segment pop-folk mélodramatique. Après une tournée américaine acoustique en première partie de Neil Young, Tim Booth (chant) et son équipe font appel à Brian Eno pour la production de ce sommet discographique.
Life Goes On
Dans une discographie sans faille, « Life Goes On » est sans doute le sommet de la production du Desert Rose, à mi-chemin de Eagles et de Poco. Mais c’est aussi le chant du signe. Il n’y a plus vraiment de marché à cette époque pour ce genre de groupes et l’album ne sera d’ailleurs édité qu’en Europe. Desert Rose Band se séparera en 1994.
Pablo Honey
Dès ce premier album, Radiohead s’impose comme l’une des figures de la Britpop des années 90 avec le tube « Creep ». « Pablo Honey » est un album frais, parfois très folk, à d’autres moments plus rock qui reste aujourd’hui comme un monument dans la carrière du groupe. Chroniqué par Jérôme
Pork Soda
Alors que le précédent album, « Voguant sur les mers de fromage », est leur première grande réussite commerciale, « Pork Soda » est une confirmation de l’humour du groupe, autant dans les arrangements que dans les textes qui sont une série de croquis bien sentis sur les années 90 : une paranoïa joyeuse, les nouveautés ennuyeuses… le tout un brin désabusé.
Rid of Me
Après la révélation du premier album, P.J. Harvey affirme son immense originalité. Steve Albini, producteur culte du rock alternatif et underground, est aux manettes pour un mix en « noir et blanc » où chaque son, cru et froid, semble poussé à son extrême. Cela donne un album qui pourra sembler d’une approche difficile pour certains (Dylan passé à la moulinette aura du mal à y retrouver ses petits !). Une formidable énergie punkienne !
Selected Ambient Works 85-92
Ecouter Aphex Twin, c’est comme pénetrer dans un rêve. On perd, le temps de l’écoute, tout repère nous liant au « monde réel ». C’est un voyage que l’on ne peut décrire… mais alors pourquoi cette chronique ? Car « Selected Ambient Works 85-92 » est un album à découvrir et à aimer (ou pas). Richard David James (qui s’auto-produit ici) explore la profondeur de la musique électronique dans tout ce qu’elle peut avoir de minimal et d’ample à la fois. Quoi qu’il en soit, l’expérience est unique, au point même qu’il en devient difficile d’y relier des influences éventuelles. Chroniqué par Jérôme
So Tonight That I Might See
Avec trois albums seulement, le groupe de David Roback (guitare) et de la chanteuse Hope Sandoval jouit d’une aura considérable. Mazzy Star est quasiment synonyme de néo-psychédélisme et de dream pop sur la scène underground américaine. Les intéressés entretiennent d’autre part leur côté énigmatique en se tenant à l’écart des médias. « So Tonight That I Might See » est un petit chef-d’oeuvre, envoûtant et dénué de tout artifice.
Suede
Suede (qui se fera appeler « London Suede » après une tournée américaine pour cause d’homonymie) est une pionnier de la brit-pop des années 90. Le groupe assure sa notoriété et fait la couverture des magazines anglais avant même la sortie de ce premier album. Héritier direct des Smiths, il remet les paillettes au goût du jour (en pleine période grunge !) avec des références évidentes à Bowie, Roxy Music et au glam rock.
Symphony or Damn
Après les extravagances d’un second album qui déçoit un peu, l’homme de la soul BCBG des années 80 au look emprunté à la fois à Prince et à Bob Marley enregistre son opus le plus ambitieux et peut-être le plus réussi. Il combine la richesse des compositions de son premier album avec les excès sonores du second. D’Arby va pourtant progressivement passer assez largement dans l’ombre du concurent Lenny Kravitz.
Ten Summoner’s Tales
« Ten Summoner’s Tales » est peut-être le sommet de la carrière de Sting, qui atteint ici maturité évidente. A la fois beau, intimiste et accessible (et donc évidemment assez commercial), ce disque a toute les qualités d’un album d’anthologie. Et des titres comme « Fields of Gold » ou « Shape of My Heart », dans leur simplicité apparente, ont tout des chansons éternelles.
Transient Random-Noise Bursts with Announcements
Stereolab est certainement l’un des groupes alternatifs anglais parmi les plus influents des années 90. Fondé par Tim Gane et sa compagne Lætitia Sadier après la séparation du groupe McCarty, ils puisent leurs sources à la fois dans la pop des années 60 et le krautrock expérimental de la décénie suivante. Lætitia est française et plusieurs titres du répertoire seront interprétés en français…
Transmissions from the Satellite Heart
Le premier album des Flaming Lips chez une Major propose un remarquable ensemble de chansons pop décallées, appuyées souvent par de grosses guitares. La formation compte désormais dans ses rangs le batteur Steven Drozd et le guitariste Ronald Jones qui contribuent largement à donner le ton caractéristique de cet album. Pour la première fois un titre (« She Don’t Use Jelly ») part à l’assaut des charts.
Vs.
« Vs. » est le deuxième album de Pearl Jam. Sorti en pleine expansion du mouvement grunge, il reste comme le plus agressif de tous les disques du groupe. Parmi cet ensemble cohérent, plus hard rock que grunge, certaines perles folk se sont glissées telles que « Daughter » ou encore « Elderly Woman… ». Côté Hard, « Go » et « Rats » font figure d’emblèmes. Chroniqué par Jérôme
Wandering Spirit
Peu de temps après une interminable tournée mondiale des Rolling Stones, Mick Jagger en grande forme reprend le chemin des studios pour enregistrer ce qui est probablement son meilleur album solo. Quelques morceaux très énergiques, de la diversité (un peu de soul, un peu de country)… Ca rappelle beaucoup les Stones… il se pourrait bien même que ce soit le meilleur album des Rolling Stones des années 70 !!!
You Gotta Sin to Get Saved
Tenace, Maria McKee surmonte les difficultés rencontrées avec son premier groupe, Lone Justice. Malgré l’échec commercial de ce dernier, la chanteuse s’était signalée et elle entamme une carrière solo. Son premier album solo passe inapperçu. Elle fait appel pour celui-ci à George Drakoulias, producteur des Black Crowes. Le résultat, très convainquant, rappelle les grands moments du country rock des années 70.